Laïcs et Dominicains

« L’autre : une approche dominicaine » *

Il y a 40 ans, Paul VI désignait la recherche de la justice et de la paix comme une urgence de nos sociétés modernes, et l’Ordre des Prêcheurs, partageant cette analyse, en a fait une orientation prioritaire.

Dès lors qu’une personne est en difficulté, « en pauvreté », lorsque sa dignité est blessée, la justice bafouée, aucun chrétien ne peut rester indifférent. Le seul fait de pouvoir l’aider ou lui nuire, que ce soit dans nos activités professionnelles ou notre vie de citoyen, nous confère une responsabilité à son égard. Le souci des êtres humains, de leur dignité et de la justice à leur égard nous invite à des actions et des partages qui ne devraient pas être à sens unique. Les situations pacifiantes se fondent en effet sur des relations de vérité, de réciprocité et de réconciliation s’il le faut.

                            

« Qu’as-tu fait de ton frère ? » Cet appel de Dieu à la conscience de l’homme a traversé les âges … Le souci de l’autre était aussi un principe moteur chez Dominique, et beaucoup aspirent aujourd’hui encore à trouver dans l’autre de quoi donner sens à leur vie. Le combat pour la justice et la participation à la transformation du monde apparaît comme une dimension constitutive de la prédication de l'Evangile. Dire Notre Père nous inscrit dans une solidarité entre tous les hommes en vue d’une cité plus fraternelle. Porter sur l’autre le regard qui correspond aux exigences de notre foi incite à participer à l’action collective. Les chantiers sont nombreux : égalité des personnes, promotion féminine, défense des plus faibles, lutte contre la pauvreté, juste répartition des biens, résolution pacifique des conflits, droit à la vie, à la liberté politique, culturelle et religieuse, droit au logement, à l’éducation, à la santé, à l’emploi, à la qualité de l’environnement ...

« Qu’avons-nous fait de notre terre ? » C’est l’autre question, très contemporaine, désormais l’une des grandes invitées des débats qui agitent notre société. Saint François a eu très tôt l’intuition de la relation entre le respect de la création, l’harmonie au sein de la nature et la paix entre les hommes. Nous sommes en effet tous reliés solidairement les uns aux autres par le milieu naturel qui nous fait vivre et dont nous sommes le prolongement.

« Un lien indissoluble apparaît toujours plus clairement entre la paix avec la création et la paix entre les hommes. L’une et l’autre présupposent la paix avec Dieu. Puisse notre terre, par la vigilance et les efforts conjugués de tous ses habitants, redevenir terre de respect et de partage, terre sainte où Dieu habite parmi les hommes, lieu de gratitude et de fraternité, de justice et de paix ! » (Jean-Paul II dans l’encyclique Centesimus annus).

 

* : un colloque Justice et Paix est organisé fin octobre par la famille dominicaine à Lyon.

pour en savoir plus : Téléchargement FLD_justice&Paix_br3 

pour vous inscrire : Téléchargement J & P - bulletin d'inscription

GAZA : appel au cessez le feu

La Délégation de l'Ordre des Prêcheurs auprès des Nations Unies vient de publier, le 16 janvier 2009, cette déclaration sur la situation actuelle à Gaza.

 

Devant le déchainement de violence qui ravage la Terre Sainte, l'Ordre dominicain appelle les belligérants à un cessez le feu immédiat.

Les "nécessités de la guerre" ne sauraient en aucun cas justifier les souffrances considérables infligées aux populations civiles. Le niveau des pertes en vies humaines et en blessés civils renvoie les parties en présence à leurs obligations de protection et d'assistance aux non combattants, en particulier les femmes et les enfants.

Présent sur le terrain, l'Ordre dominicain exhorte les parties en conflit à mettre tout en œuvre pour aboutir dans les meilleurs délais à la conclusion d'un cessez le feu et, d'ici là, à prendre toutes les mesures nécessaires pour remédier à une situation humanitaire devenue critique.

La cessation des hostilités et le rétablissement de l'accès des populations civiles aux biens et services de première nécessité constituent aujourd'hui une nécessité vitale.

A moins d'accepter la perspective de reprises périodiques des affrontements et les pertes civiles qui en découlent, les parties en présence n'ont d'autre choix que d'envisager des discussions prenant en compte les causes profondes de leur différent, parmi lesquelles, la question des implantations et de l'occupation militaire.

L'Ordre dominicain lance un appel aux parties en présence et à la communauté internationale afin qu'ils mettent tout en œuvre pour faire cesser les hostilités et prennent les mesures indispensables pour permettre aux populations civiles de retrouver des conditions de vie supportables, dans les meilleurs délais.

 

Plus d'infos sur le site de la délégation de l'Ordre des Prêcheurs auprès des Nations Unies : http://un.op.org/fr

 

L'hyper-Noël

Les fêtes de Noël approchent. Nous, ça va …

Bon, on a quand même nos petites misères, nos solitudes, nos défaites, notre recherche du bonheur, nos petits cris, quoi ! C’est pas toujours génial, on est d’accord. Mais en gros, on peut dire que nous, ça va.

Et ça va comment les autres ?

Sans nous prendre la tête, si on se souciait d’eux, surtout si on prépare Noël dans nos cœurs ?

Pensons-y en déterminant comment et avec qui nous allons fêter Noël.

 

Cette affiche est téléchargeable sur http://paxchristi.cef.fr/docs/AfficheNoel2008.pdf

Changer le monde ?

Le 1er Sommet de la Terre s'est tenu à Stockholm en 1972
Le 2ème Sommet de la Terre s'est tenu à Rio en 1992
Le 3ème Sommet de la Terre s'est tenu à Johannesburg en 2002

Il y a 16 ans donc, en juin 1992, voici comment une jeune fille de 14 ans a remis à leur place les dirigeants du monde cliquez --> c'était Rio 

Que dirait-elle aujourd'hui, âgée de 30 ans, en s'adressant aux mêmes responsables ?

tags : changer, monde, terre, rio

Un arabe, un juif

L’actualité nous propose souvent des horreurs tonitruantes et il est très rare d’y entendre s’élever des petites musiques, de véritables brises légères et reposantes au lieu du vacarme médiatique habituel.

Savourez donc l’histoire suivante qui vient de paraître dans La Croix (vendredi 13 juin) :

À côté de Sainte-Anne, la résidence des Pères Blancs de Jérusalem, habite un coif­feur. Abou Ali est musulman pratiquant, père de six enfants. Il y a deux ans, dans une période où la seconde Intifada (dite el Aqsah ) provoquait violences et meurtres entre juifs et musulmans, il se produisit un événement passé inaperçu et pourtant extraordinaire. Il impliquait deux grands garçons d’Abou Ali et quelques jeunes juifs d’origine russe.

Les deux garçons musulmans, avant leur mariage, avaient voulu aller faire la fête à Jaffa, au bord de la mer. Tandis qu’ils pas­saient une soirée joyeuse entre amis sur la plage, soudain des cris s’élevèrent : « Au se­cours ! au secours ! » De jeunes Israéliens, juifs d’origine russe, étaient en train de se noyer, emportés par un mauvais courant. Le plus jeune des fils d’Abou Ali, pourtant nageur moyen, se jette alors à l’eau sans hésiter. Il ramène un premier jeune sur le rivage et retourne pour en secourir un second. Mais il avait présumé de ses forces et se noie.

Ce fait divers a touché deux familles, que rien n’aurait dû rapprocher. Les parents de l’adolescent juif ne savaient pas comment remercier la famille du jeune Arabe. Ils proposent d’abord de la rencontrer chez elle. Mais le fameux mur construit autour de Jérusalem les empêche d’accéder au vil­lage arabe où vit Abou Ali avec sa famille.

Les Israéliens envisagent alors une autre solution : se retrouver dans un restaurant de la Vieille Ville, accessible aux Israéliens et aux Palestiniens. Ils tiennent à faire con­naissance avec la famille de leur sauveteur et à lui exprimer leur reconnaissance. Cette fois, c’est l’Arabe qui refuse, disant qu’il ne veut pas que ces Israéliens, sans doute aussi pauvres que lui, se ruinent dans de folles dépenses.

Le P. Thomas, qui me rapporte cette his­toire restée confidentielle, raconte la réaction étonnante du papa, musulman fataliste, as­suré que son fils a trouvé le bonheur au ciel.

« Vous savez, lui a dit Abou Ali, cela aurait été pire pour moi si mon fils, entendant des appels au secours, n’avait rien fait pour em­pêcher ce jeune de mourir. » L’actualité de la Terre sainte nous présente régulièrement des faits divers où des juifs meurent sous les balles palestiniennes, et des Palestiniens sous les missiles juifs. L’histoire du fils arabe qui a sauvé un juif de la noyade et est mort pour avoir voulu en sauver un second n’a pas fait l’actualité. Et pourtant cela pourrait préfigurer un autre monde, que certains persistent à croire utopique.

Alain Marchadour, assomptionniste à Jérusalem

Tags : arabe, juif, paix, salut

Le nouveau site de la déléguation dominicaine à l'ONU

Après le nouveau site de l'Ordre des Prêcheurs, c'est au tour du site de la délégation dominicaine auprès de l'ONU d'être intégralement refondu....www.un.op.org/fr

Pour information, l’organisation dominicains pour Justice et Paix, connue sous le sigle UN-OP, fut créée en 1998 par l’Ordre des Prêcheurs pour constituer une présence permanente auprès de la Commission des Nations Unies pour les Droits de l’Homme, à Genève.

Depuis janvier 2002, l’ONG Dominicains pour Justice et Paix a un statut consultatif spécial auprès du Conseil Économique et Social des Nations Unies. Les dominicains sont également présents dans la vie internationale à travers la Dominican Leadership Conference auprès du siège des Nations Unies à New York.

Le combat pour la dignité humaine, pour la justice et la paix est mené en partenariat avec la famille franciscaine et son organisation non gouvernementale Franciscans International (FI). La fondation d’un bureau commun des fils et des filles de saint Dominique et de saint François à Genève permet d’être plus efficace dans la dénonciation des atteintes aux droits de l’homme et de répondre aux demandes d’interventions formulées par la communauté internationale. Le travail commun de religieux d’ordres différents rend plus visible le témoignage des disciples du Christ auprès des marges et permet d’affirmer avec plus de force les principes évangéliques.

Le bureau commun FI/OP de Genève se fait l’écho des dominicains et franciscains investis localement contre l’injustice, la violence et les atteintes à la dignité humaine et intervient en faisant pression sur les gouvernements et auprès des services de l’ONU. Parmi les actions récentes, mentionnons la pression exercée au sujet de la situation humanitaire en Irak, de la prison américaine de Guantanamo ou du trafic d’êtres humains.

La présence des dominicains à l’ONU est issue d’une longue tradition d’attention aux questions de justice et de paix. Au XVIème siècle déjà, le frère François de Vitoria, au sein de l’École espagnole de Salamanque, jeta les fondements théologiques et juridiques de questions aussi contemporaines que le droit de la guerre (légitimité à faire la guerre, façon de la conduire) ou la défense de la dignité de tout homme. Au même moment, le frère Bartholomé de Las Casas dénonçait l’usage de la force contre les indiens d’Amérique Latine. Parmi les exemples plus récents, citons le frère dominicain belge Dominique Pire, prix Nobel de la Paix, qui œuvra pour les réfugiés après la deuxième guerre mondiale, ou le frère Pierre Claverie, évêque d’Oran en Algérie, assassiné en 1996.

La justice et la paix n’étant pas un centre d’intérêt accessoire, mais une priorité évangélique, dans chaque couvent dominicain et dans chaque Province, un frère et de nombreux laïques suivent plus particulièrement ces questions sur un plan local, national et international.

Tags : Dominique Pire, Pierre Claverie, François de Vitoria, Bartholomé de Las Casas, Oran, New York, Genève, ONU.

Adieu Chiara !

Chiara Lubich est une géante de notre temps, née en 1920 à Trente en Italie. Sa famille étant tombée dans l'extrême pauvreté, elle doit travailler pour financer ses études et devient enseignante en 1940.

En 1943, elle bouleverse sa vie en décidant de la consacrer à Dieu. Confrontée aux horreurs de la guerre, c’est pour elle le seul idéal qui ne s’écroule pas. Dès lors, elle se donne comme but de réaliser les paroles du Testament de Jésus : « Que tous soient un », c a d rassembler tous les hommes dans l’unité et la fraternité. En 1944 sa maison est détruite et sa famille se réfugie dans la montagne. Elle reste en ville et tente avec ses compagnons de suivre l’Évangile « à la lettre » au milieu des pauvres, consciente d’opérer une révolution sociale.

 

Chiara lance progressivement de nombreux mouvements, dont celui des Focolari, qui visent les nouvelles générations, les familles, l’action à mener dans la société et dans l’Eglise. Des dialogues féconds sont entamés, voies privilégiées vers l’unité. Peu à peu, sous son impulsion, s’ouvrent des perspectives nouvelles de vie en société dont l’impact spirituel et social est mondial, tel le projet de l’Economie de communion face aux énormes disparités sociales au Brésil, ou le Mouvement politique pour l’unité auprès de personnalités politiques variées avec la fraternité comme catégorie politique en vue du bien commun.

 

Dans l’Eglise, elle entretient des liens étroits avec Paul VI, puis Jean-Paul II qui reconnaît chez les Focolari les dons de l’Esprit dans l’histoire de l’Eglise.

Dans l’œcuménisme, elle établit dès 1961 des rencontres pour l’unité des chrétiens et des contacts personnels approfondis avec les orthodoxes, les anglicans, les luthériens.

Dans le dialogue interreligieux, elle instaure des contacts individuels avec des personnalités ou des groupes des différentes religions : bouddhistes, musulmans, juifs, hindous.

Dans le domaine civil, elle voyage et développe avec le monde laïc un dialogue fondé sur les grandes valeurs humaines comme la solidarité, la fraternité, la justice, la paix et l’unité entre les personnes et entre les peuples. Son œuvre est reconnue publiquement par des organisations internationales, culturelles et religieuses qui la couronneront de plusieurs prix.

 

Aujourd’hui, ce sont 800 entreprises fidèles au projet « Economie de communion » des Focolari, plus de 1.000 œuvres et activités sociales essentiellement dans les pays en développement, des cités pilotes sur les 5 continents, 12.000 adoptions à distance, des écoles professionnelles, des maisons d’édition, des revues, des centres audiovisuels, des sites Internet, etc.

Chiara Lubich s’est éteinte le 14 mars 2008. Une messe sera célébrée à son intention par Mgr Michel Dubost, lundi 24 mars 2008, à 10h, à Notre-Dame de Paris.

Bon anniversaire l’Irak !

Dans la montée vers Pâques, deux sœurs dominicaines américaines ont composé une prière : « après 5 ans de guerre en Irak le 19 mars 2008, remplies de tristesse et de désir de paix, nous vous invitons à prier les Mystères douloureux du Rosaire, gardant dans notre cœur ceux qui ont souffert pendant ces 5 ans, en portant les points suivants dans votre méditation » :

1. L'agonie de Jésus à Gethsémani : Rappelez-vous les plus de 10.000 soldats irakiens qui ont perdu leur vie dans cette guerre. Rappelez-vous leurs familles et leurs amis qui ont subi une grande perte.

2. La flagellation : Rappelez-vous les 90.000 irakiens civils qui ont perdu leur vie pendant cette guerre, surtout les personnes âgées, les femmes et les enfants.

3. Le couronnement d'épines : Rappelez-vous les 4.000 soldats américains environ qui ont été tués, et les 30 000 qui ont été blessés pendant les cinq ans de guerre.

4. Le port de la croix : Rappelez-vous les 1,8 millions réfugiés irakiens qui ont quitté leurs maisons pour d'autres lieux en Irak, et les 2 millions qui ont quitté leur pays pour trouver un abri et la sécurité ailleurs.

5. La crucifixion : Rappelez-vous tous ceux qui ont subi des pertes à cause de cette guerre. Rappelez-vous nos frères et sœurs dominicains qui souffrent chaque jour à cause de cette guerre. Rappelez-vous les enfants d'Irak, qui ne connaissent que la guerre. Prions pour la paix en Irak.

Elargissons le raisonnement des deux sœurs américaines : si tous les soldats, jusqu’au dernier, quittaient le Golfe demain et si un gouvernement souverain arrivait au pouvoir, l’Irak serait toujours occupé par des lois écrites dans l’intérêt d’un autre pays, par des sociétés étrangères qui contrôlent ses services essentiels, par un taux de chômage de 70 % provoqué par des licenciements dans le secteur public. L’Irak n’a pas seulement perdu sa souveraineté politique au profit des occupants, mais s’est vu imposé une colonisation économique sous couvert de "reconstruction".

Selon Joseph Stiglitz, Prix Nobel d'économie, la guerre en Irak aura coûté 3. 000 milliards de dollars (plus que 12 ans de guerre au Vietnam) ! C’est 15 fois plus que la perspective des montants consacrés en 15 ans par tous les pays du monde à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (10 engagements dont le 1^er est la réduction de l’extrême pauvreté et de la faim dans le monde).

Et dire que c'était la patrie d'Abraham ... !

Assassinat de Mgr. Faraj Rahho en Irak

L'Ordre condamne l'assassinat de Mgr. Faraj Rahho en Irak

Le corps de Mgr. Faraj Rahho, archevêque chaldéen de Mossoul (Nord Ouest de l'Irak) a été retrouvé enterré dans les environs de de la ville le jeudi 13 mars 2008. Il avait été enlevé au soir du vendredi 29 février par des hommes armés, alors qu'il regagnait son domicile au sortir d'une cérémonie religieuse.

Présent en Irak depuis plusieurs siècles, l'Ordre dominicain condamne fermement l'enlèvement et l'assassinat de Mgr. Faraj Rahho, homme de Dieu dévoué à la paix, au dialogue et au service de son peuple.

Comme viennent de le réaffirmer plusieurs leaders religieux et communautaires musulmans d'Irak, le meurtre du chef spirituel de la communauté chaldéenne de Mossoul ne saurait en aucun cas être justifié par de quelconques prétextes religieux.

L'Eglise Chaldéenne, dont Mgr. Faraj Rahho était l'un des principaux dignitaire dans le nord de l'Irak, est présente dans le pays depuis les origines du christianisme, il y a près de deux mille ans. Les chrétiens d'Irak font partie intégrante du peuple Irakien dont ils partagent les langues et les coutumes. Ils ont, de tous temps, joué un rôle déterminant dans le développement de la vie sociale, culturelle et économique du pays.

Le meurtre de Mgr. Faraj Rahoo vient à la suite de celui du Père Raghid Ganni, prêtre de ce même diocèse et de trois sous-diacres, assassinés au mois de juin 2007 au sortir de la même église du Saint Esprit, dans la ville de Mossoul.

L'accumulation d'exactions commises contre la communauté chrétienne au cours de ces derniers mois, tant à Mossoul qu'à Bagdad, est contraire à la tradition et à la culture irakienne qu'ils ont contribué à édifier. Cette violence ciblée contre les chrétiens irakiens produit des effets désastreux sur les équilibres déjà très précaires ente les communautés constituant le pays. Loin de représenter une solution aux difficultés du pays, la disparition de la diversité au sein de la population irakienne de saurait qu'accentuer les tensions et la détresse d'un peuple déjà très largement éprouvé par treize ans d'embargo et cinq ans d'occupation.

Dominicains pour Justice et Paix appelle les autorités politiques religieuses et morales en Irak à prendre toutes les mesures en leur pouvoir pour protéger les minorités et particulièrement la communauté chrétienne éprouvée par l'assassinat de Mrg. Faraj Rahho.

Dominicans for Justice and Peace

Olivier Poquillon OP / [email protected]

Quel Noël 2007 ?

Notre façon de fêter Noël reflète une culture qui présente plusieurs facettes enracinées dans la tradition : la célébration dans la joie de l’incarnation du Christ, des retrouvailles en famille, la crèche, un sapin illuminé, le plaisir d’offrir et de recevoir des cadeaux, la joie des enfants, le bonheur d’être ensemble autour d’un repas de fête … et la fête sera prolongée pour célébrer ensuite le changement d’année … Nous allons donc bientôt nous retrouver dans ce cercle chaleureux constitué de nos familles, de nos proches et de nos amis, une véritable parenthèse lumineuse et colorée dans nos vies si diverses … c’est ce que je vous souhaite à tous.

Tous pourtant n’y auront pas droit, qu’ils soient proches ou loin de nous. Nous pouvons tous en nommer certains et reconnaître leurs visages. Il ne s’agit pas de culpabiliser, mais plutôt d’être conscients de leur présence à nous, de les accompagner par la pensée, par la prière et si possible par des actes.

Quel Noël pour Ingrid ?

La lettre qu’Ingrid Betancourt a pu faire parvenir, après 4 ans sans nouvelles, a ému le monde entier. Ingrid est devenue l’icône qui personnifie les milliers d’innocents pris en otage et séquestrés dans le monde pour des motifs divers mais toujours irrecevables, pour soutenir des causes variées mais toujours suspectes en raison même des procédés utilisés. Des otages qui sont des condamnés à mort en puissance et parfois exécutés. Il y a donc un vaste monde dans lequel la vie humaine n’a pas de valeur, alors que nous croyons au contraire qu’elle n’a pas de prix. A l’instar de la brebis perdue, tous les efforts sont justifiés pour les sauver, et quand on ne sait que faire, on peut toujours s’informer : http://www.betancourt.info/indexFr.htm

Quel Noël pour Frei Henri ?

Le frère Henri Burin des Rosiers n’est pas un innocent pris en en otage, c’est un actif qui dérange. Du coup, ce n’est pas sa capture qui intéresse, c’est sa liquidation. Frère dominicain, avocat et défenseur des droits humains au Brésil, il consacre son énergie à la défense des militants du droit à la terre, les sans terre, et a reçu à ce titre le prix international des droits de l’homme en 2005. Comme son action menace la situation des grands propriétaires, il est lui-même menacé de mort depuis des années et placé sous la protection de la police, mais il n’est pas sûr que cela empêche d’agir les tueurs récemment engagés pour l’abattre. Une campagne a donc été lancée en sa faveur par Amnesty International pour mobiliser davantage les autorités, soupçonnées de faiblesse à son sujet. Prenez-en connaissance ( Téléchargement dossier_frei_henri.doc ). Vous y trouverez deux lettres que vous êtes invités à compléter de vos nom, prénom et adresse et à envoyer aux autorités brésiliennes avant la fin de cette année.

Comment vivre Noël autrement ?

Et nous qui allons nous retrouver autour du repas de Noël, moment convivial par excellence qui rassemble la famille et ceux que nous aimons, quel geste concret saurons-nous faire pour inviter aussi à notre table le voisin isolé, oser le pas vers l’étranger ou l’exclu dans une fraternité élargie aux dimensions de la famille humaine ?

Nous aimons ces « fruits de la terre et du travail des hommes » avec lesquels nous confectionnons ce repas de Noël. Nous aimons aussi la Terre qui les porte. Que ferons-nous, concrètement, pour à travers eux, accorder à cette terre le respect qui lui est dû ? Une occasion nous est offerte de permettre à nos convives de goûter et apprécier les mets sans que l’opulence devienne une insulte à ceux qui manquent de tout. Le respect de la création et le respect des dons de Dieu sont au cœur du message chrétien, le respect des pauvres aussi.

Avant les fêtes de fin d’année une vingtaine d’associations nous sensibilisent au fait qu’accorder de l’attention à la préparation du repas autant qu’à son partage, c’est aussi choisir les ingrédients en limitant au maximum les emballages inutiles et les produits importés de l’autre bout du monde qui imposent des transports coûteux. Nous sommes invités à donner sa place au commerce équitable, à privilégier les produits issus de l’agriculture biologique, à savoir accorder une place à l’autre parce qu’il est autre et à partager avec lui nos mutuelles richesses. http://www.noel-autrement.org/

La chaleur de la table et de l’amitié qui se manifeste à cette occasion manquera donc à certains, et c’est d’autant plus dur quand les autres font la fête. Le Christ a eu une mangeoire d’animaux pour premier berceau, ses parents n’avaient pas trouvé de place dans la salle d’hôtes, le Christ lui-même n’était donc pas invité à rejoindre les autres. Sa très grande proximité aux exclus, aux pauvres et aux malades et aux oubliés nous invite à partager avec eux l’espérance qu’Il est venu nous apporter et que nous nous préparons à fêter.

Signature : Patrick Vincienne