Retrouvez ci-dessous l'édito du 9ème Journal des Fraternités Laïques dominicaines d'Île de France – Normandie, pour le mois de juin :
Un projet architectural
Le couvent de l’Annonciation fait peau neuve ! Tout le monde trouvera judicieuse l’idée de rendre plus fonctionnels ses grands espaces mal utilisés et mal éclairés, et de rendre plus adaptées les chambres des frères, notamment les plus âgés.
Au premier étage, le projet comporte en effet l’aménagement de chambres pour des frères âgés à mobilité réduite, et l’on comprend assez clairement que cette tranche de travaux correspond à la mise en acte de l’esprit de fraternité des frères entre eux. Le reste du projet consiste dans la création et le réaménagement d’un vaste espace d’accueil au rez-de-chaussée et dans l’ouverture d’un deuxième cloître au sous-sol, sous le premier, recevant la lumière du jardin, ouvert au public et donnant accès à des espaces de réunion et d’assemblée. Ce sera beau et hardi.
Démarrés en mars 2007 pour une durée de six mois, les travaux de mise à niveau vont apporter à ce vaste espace situé en plein Paris des qualités dont il manquait trop : accès, accueil, circulation, lumière, perspective. L’expression de « cloître ouvert » résume parfaitement une ambition rénovatrice.
Mais on peut s’interroger : pour quoi en faire au juste ?
Un projet apostolique
Des travaux aussi coûteux, comme on l’imagine, ont une part de justification en ce qu’ils procurent une esthétique et un confort qui n’avaient pratiquement pas évolué depuis 1928, année de construction du bâtiment. Pourtant, des travaux d’une telle ampleur ne peuvent tirer leur sens profond de la seule redéfinition d’un espace plus agréable, plus lumineux, plus confortable …
L’enjeu est à rechercher dans ce que peut être la mission d’un couvent de frères dominicains en pleine ville aujourd’hui. Dans un tel contexte en effet, un projet architectural, aussi beau serait-il, architecturalement parlant, ne saurait voir le jour que s’il vient en appui d’un projet apostolique fort qui lui donne tout son sens.
Le « cloître ouvert » veut être une maison à l’interface entre la ville et le monde intérieur, une maison pour ceux qui cherchent un autre espace, un autre temps, une autre attitude que ce que propose notre monde contemporain.
A ce jour cinq pôles sont envisagés :
- La rencontre avec le christianisme vivant,
- La formation à la célébration liturgique et chorale,
- L’accompagnement des jeunes et des étudiants,
- La collaboration avec les artistes et les comédiens,
- Le dialogue avec les religions du monde.
Le pari d’une communauté
Si ce pari semble un peu fou en ces temps où le repli sur soi est fréquent, c’est bien un pari dominicain et il ne laisse aucun de nous indifférent. Le projet de cloître ouvert est tourné vers la ville et ses habitants, vers ce monde urbain contemporain qui est notre espace apostolique privilégié, où s’exprime une telle soif de sens et de réponses aux attentes existentielles. En ouvrant un cloître, beau, calme et lumineux, au dialogue, au débat, à l’enseignement et à la formation, aux célébrations et aux manifestations artistiques, les frères du 222 veulent ouvrir des horizons nouveaux.
Pour autant, ce projet ne sera pas celui des seuls frères dominicains du 222, mais d’une communauté d’amis percevant l’urgence et l’importance d’un nouveau type de présence ecclésiale, pour l’arrondissement et pour Paris. Les membres des fraternités ont tout lieu d’y trouver matière à l’expression de leur souci d’apostolat. On les y attend.
On peut imaginer qu’ils sont aussi attendus dans une participation au financement, à la mesure des possibilités de chacun, mais de toute façon signe de leur appartenance ou attachement à cette « maison » et à sa mission renouvelée.
Cette aventure de pierres est en réalité une aventure apostolique, du coup frappée du sens de l’urgence. Nous reconnaissons bien cette urgence de la mission.