Vendredi29 Août 2008 1Co 1.17-25
Frères, le Christ ne m'a pas envoyé pour baptiser, mais pour annoncer l'Evangile, et sans avoir recours à la sagesse du langage humain, ce qui viderait de son sens la croix du Christ. Le langage de la croix est folie pour ceux qui vont vers leur perte, mais pour ceux qui vont vers leur salut, pour nous, il est puissance de Dieu. L'Ecriture dit en effet: la sagesse des sages, je la mènerai à sa perte, et je rejetterai l'intelligence des intelligents*. Que reste-t-il donc des sages? Que reste-t-il des scribes ou des raisonneurs d'ici-bas ? La sagesse du monde, Dieu ne l'a-t-Il pas rendue folle? Puisque le monde, avec toute sa sagesse, n'a pas su reconnaître Dieu à travers les œuvres de la sagesse de Dieu, il a plu a Dieu de sauver les croyants par cette folie qu'est la proclamation de l'Evangile.
Alors que les juifs réclament les signes du Messie, et que le monde grec recherche une sagesse, nous, nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les peuples païens. Mais pour ceux que Dieu appelle, qu'ils soient juifs ou grecs, ce Messie est Puissance de Dieu et Sagesse de Dieu. Car la folie de Dieu est plus sage que l'homme, et la faiblesse de Dieu est plus forte que l'homme.
*Is29.14
Dieu renverse toujours tout. « Le monde à l'envers, c'est souvent l'Evangile à l'endroit », aime à dire Mgr DAUCOURT. Expérience physique de Paul sur le chemin de Damas, où toutes ses valeurs sont terrassées par la question « pourquoi me persécutes-tu » : « les montagnes [de certitudes qu’il s’était bâties] fondent comme cire » (Ps97.5). Nous devons souvent accepter de tout renverser, comme un négatif photographique. La croix et la plus totale défaite : condamnation, supplice des esclaves, hors de Jérusalem (malédiction, puisqu’un prophète devait mourir dans Jérusalem)… Et pourtant…Quelle victoire pour ce Dieu qui se soumet au jugement de l’homme pour offrir à ce dernier de Le voir dans sa plus grande Vérité : non pas auteur du mal, mais sa première victime, non pas dictateur mais Dieu de la Liberté, non pas vengeur, mais Amour et miséricorde inconditionnels…
« Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d'avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l'avoir révélé aux tout petits » (Lc10.21). C’est souvent parce que nous refusons le déséquilibre qui nous remet en cause, crispés sur nos croyances et nos attentes, que nous ne savons pas recevoir Dieu tel qu’Il est, accueillir ce qu’Il veut nous donner avec tant de générosité, jusque dans nos moments d’angoisse, d’abandon et de déréliction les plus terribles, où Il se tient comme le dernier lien de Vie qui nous accompagne, la main sur l’épaule. Au lieu de tout laisser pour porter attention à cette main sur notre épaule nue et pauvre, nous partons, pauvres hères, nous perdre dans nos déserts de logique et nos solitudes de certitude sans Dieu.
« Tu T'offres sans défense aux paumes de nos mains, au hasard de nos doigts,
Trésor de Pauvreté dans les humbles espèces du pain et du vin :
C'est dans cette folie que je T'ai rencontré au plus profond de moi,
Qui me parlais au cœur une langue sans mots, alors, dis-moi,
Dieu, Folie dont l’unique richesse
Est l’infinie tendresse qui nous donne le jour,
Dieu folie, tout brûlant de promesses
Donne-moi la Sagesse, donne-moi d’être fou !
Apprends-moi à lacher au chemin du bonheur tout ce qui me possède
Apprends-moi à chercher la liberté de l'être en étant toute offrande,
Pour que du plus profond de ton désir d'Amour où ma raison s'achève,
Tout transparent de Toi je sois ton messager, alors, dis-moi,
Dieu, Folie, Tu seras ma Richesse :
Ton infinie Tendresse éclairera mes jours,
Dieu Folie, Comblé de ta Promesse
Brûlé par ta Sagesse je pourrai être fou. »
Denis
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