Comme les disciples s'étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait : « Si vous voulez vivre comme des justes, évitez d'agir devant les hommes pour vous faire remarquer. Autrement, il n'y a pas de récompense pour vous auprès de votre Père qui est aux cieux. Ainsi, quand tu fais l'aumône, ne fais pas sonner de la trompette devant toi, comme ceux qui se donnent en spectacle dans les synagogues et dans les rues, pour obtenir la gloire qui vient des hommes. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont touché leur récompense.
Mais toi, quand tu fais l'aumône, que ta main gauche ignore ce que donne ta main droite, afin que ton aumône reste dans le secret ; ton Père voit ce que tu fais dans le secret : il te le revaudra.
Et quand vous priez, ne soyez pas comme ceux qui se donnent en spectacle : quand ils font leurs prières, ils aiment à se tenir debout dans les synagogues et les carrefours pour bien se montrer aux hommes. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont touché leur récompense.
Mais toi, quand tu pries, retire-toi au fond de ta maison, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père voit ce que tu fais dans le secret : il te le revaudra.
Et quand vous jeûnez, ne prenez pas un air abattu, comme ceux qui se donnent en spectacle : ils se composent une mine défaite pour bien montrer aux hommes qu'ils jeûnent. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont touché leur récompense.
Mais toi, quand tu jeûnes, parfume-toi la tête et lave-toi le visage ; ainsi, ton jeûne ne sera pas connu des hommes, mais seulement de ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père voit ce que tu fais dans le secret : il te le revaudra."
Aumône, prière, jeûne. Voilà le carême qui s’annonce. On sent que ça ne va pas être joyeux, mais enfin il y a la récompense au bout.
Et après le carême, n’y aurait-il plus ni geste de solidarité, ni prière, ni intériorité, et seulement la consommation sans limite de tout ce qui passe à notre portée ?
Portant nous savons bien que ce n’est pas cela qui nous rend heureux.
Aumône, prière, jeune pendant 40 jours en vue d’une récompense, quelle vision de Dieu est la mienne ? Quel est le Dieu en qui je mets ma foi ? Suis-je là à essayer de me faire remarquer par l’action d’une volonté héroïque ? S’il s’agit d’imiter les saints, de se conformer à un idéal comme la grenouille qui voulait ressembler au bœuf, où cela nous conduit-il ? A l’échec, au désespoir peut-être.
L’acclamation précède la lecture de l’Evangile donne une clef de lecture du texte :
Fais-nous revenir à toi, Seigneur, jamais plus nous n'irons loin de toi :fais-nous revenir, et nous serons sauvés.
Je vous en propose une autre : le mot le plus employé ici est secret. Le secret de l’intériorité et du cœur à cœur avec Dieu.
Il s’agit de nous rapprocher du Père, de renouer des liens. Et c’est une proposition plutôt réjouissante ! Laissons-nous être attirés par Dieu, cédons à son appel, laissons-nous faire enfin. Ce secret, c’est un peu celui de la relation amoureuse. Imagine-t-on recevoir son ami(e) et laisser la télé allumée. Non ; la télé sera éteinte, et si on répond au téléphone ce sera pour demander qu’on nous rappelle.
Il n’y a pas de lien fort sans disponibilité à l’autre, et quand l’amour sera fortifié, alors on verra les fruits de l’amour. D’abord il faut du temps, il faut de la disponibilité dans sa vie et dans son cœur.
Les jardiniers savent bien que ce n’est pas en tirant sur un brin d’herbe qu’on le fait grandir. De même, n’essayons pas d’arracher à notre cœur les fruits de l’amour, il faut d’abord enraciner l’amour dans notre cœur, et alors il portera du fruit.
Alors, le carême, quelle chance et quel bonheur ! Si nous trouvons utile de faire une thalasso pour nous raffermir les fesses, les abdos, ou résorber les poches sous les yeux, combien plus devions nous être désireux de prendre soin de notre intériorité (dans le secret) et de cultiver l’amour dans un cœur à cœur avec Dieu..
Ph.O