Extraits d’une retraite sur Marie par Pierre Claverie « Marie la vivante » cerf, 2008 :
Il n’y a que Marie qui assistait à ce moment-là. Elle l’a raconté à quelqu’un, certainement à Luc. Si l’événement a été rapporté, ce n’est qu’après avoir été interprété, médité et confronté aux données de l’Ancien Testament.
- Voici ce que dit Luc (Lc 1, 28-33 puis 35) : « Réjouis-toi comblée de grâce (aimée de Dieu), le Seigneur est avec toi. Ne crains pas, Marie. Voici que tu concevras en tes entrailles et enfanteras un fils et tu lui donneras pour nom Yahvé Sauveur. … La puissance du Très-Haut te couvrira (te prendra sous son ombre). C’est pourquoi l’être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu. »
- Et voilà ce passage de l’Ancien Testament (So, 14-17) : « Réjouis-toi fille de Sion, le roi d’Israël Yahvé est en toi (en tes entrailles). Ne crains pas, Sion, Yahvé ton Dieu est en tes entrailles en vaillant sauveur. »
- … et aussi cet autre (Ex 40,34) : « La nuée couvrit de son ombre le tabernacle (la Tente du rendez-vous). La gloire de Yahvé remplit la demeure. »
La tradition apocryphe chrétienne rapporte (Jc 11,1) :
Et elle (Marie) prit sa cruche et sortit puiser de l’eau. Et voici qu’une voix lui dit : « réjouis-toi, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi, tu es bénie parmi les femmes. » Et toute tremblante, elle entra dans sa maison et après avoir déposé sa cruche, elle prit la pourpre, s’assit sur sa chaise et se mit à filer la pourpre.
Marie est celle dans laquelle Dieu vient, dans ses entrailles, sen sauveur. Il vient sauver son peuple. … La gloire de Dieu est sa présence immanente, proche, dans la tente, et Marie est le tabernacle. Marie est la tente, le temple nouveau. Elle est couverte par la nuée et la gloire est en elle, la présence est en elle. Marie devient la demeure de l’Esprit, elle est le sanctuaire de la présence.
La présence de Dieu n’est plus seulement un rayonnement lumineux. Maintenant elle sera une présence charnelle, et c’est là que se fait le passage.
Marie prononce alors le chant du Magnificat (Lc 1, 46-55). Il est probable, très probable, que Marie ait vraiment dites ces paroles. Marie était très probablement du courant des « pauvres de Yahvé », pas très lettrés. Ils attendaient un sauveur puisque par eux-mêmes ils ne pouvaient pas s’en sortir, ils ne connaissaient pas la Loi. Seul Dieu pouvait les tirer de leur pauvreté. Ils chantaient le Cantique d’Anne (Is 2, 1-10) dont est inspiré le Magnificat, et il semble bien qu’il s’agissait de l’une des prières de Marie. Marie a prononcé cette prière parce qu’elle la connaissait et qu’elle était opportune.