Qu’est-ce qui relie l’œuvre universitaire du frère dominicain Maître Eckhart (1260-1328), écrite dans la langue des clercs, le latin, avec ses sermons prêchés en langue vernaculaire, le moyen haut allemand, pour inviter tous ses auditeurs à naître comme fils de Dieu maintenant, « avant même de sortir de cette église » ?
L’hypothèse de ce livre consiste à supposer leur unité en recherchant dans la théorie de la connaissance vraie qui est développée dans l’œuvre latine, en particulier dans le Commentaire de l’Évangile selon saint Jean, les principes métaphysiques et noétiques du thème majeur de l’œuvre spirituelle allemande : la naissance de Dieu dans l’âme.
Or quel est le fondement philosophique par lequel Maître Eckhart, l’un des représentants majeurs de l’École de Cologne, si influencée par le néoplatonisme, tente de rendre raison de l’acte par lequel l’homme est uni à Dieu?
C’est dans sa relecture du De anima d’Aristote qu’Eckhart découvre son argument majeur : l’analogie avec l’union en acte du connaissant et du connu qui a lieu dans toute connaissance naturelle.
La théorie de la vérité s’avère ainsi un des lieux fondamentaux où se réalise le projet eckhartien : manifester l’unité de la théologie et de la métaphysique en essayant d’expliciter et de déployer les mystères des Écritures au moyen des arguments des philosophes.
Références de ce livre : Casteigt (Julie), Connaissance et vérité chez Maître Eckhart. Seul le juste connaît la justice, Paris, Vrin, 2006, 480 pp., (coll. Études de philosophie médiévale). 55 €
Références sur l'auteur : Julie Casteigt, ancienne élève de l’École Normale Supérieure (Ulm), agrégée et docteur en philosophie, est maître de conférences en philosophie antique et médiévale à l’université de Toulouse II.