Chaque matin se profile devant nous une année nouvelle, un terrain vierge plein de promesses et de défis, mais aussi plein de pièges et de tentations … Quand il s’agit de l’année calendaire, on a coutume de formuler des vœux. Jolie coutume que cette petite attention, ce rite amical les uns vis-à-vis des autres ? mais que dire qui ne soit une perpétuelle répétition : la santé, la réussite, le bonheur qui manquent à tellement de gens ? Vous attendriez peut-être des vœux réalistes, raisonnables, garantis en quelque sorte comme énoncés par une compagnie d’assurance ?
Puis-je au contraire vous proposer des vœux fous, inattendus ? Après tout, ce n’est pas tellement risqué puisque maintenant rien n’est plus comme avant, et on ne passe plus d’hier à demain de façon linéaire comme par le passé. Pensez à ce que devient la Chine, au réchauffement climatique, à l’accroissement des inégalités, à la perte des valeurs spirituelles, toutes choses sur lesquelles nous exerçons bien peu de pouvoir.
Quand on ne peut pas grand-chose, on subit et l’on se contente de souhaiter. Mais quand les temps changent, on peut aussi changer un petit quelque chose, et alors la réalisation du souhait suppose un choix, une volonté à l’œuvre. Puisqu’il va falloir tout faire autrement, voilà bien des occasions d’exercer nos talents.
Je choisis donc des vœux fous, en fidélité à Louis-Joseph Lebret op, il a fondé en 1941 « Economie et Humanisme » (*) et inspiré l’encyclique « populorum progressio » parue en 1967.
Ecoutons-le :
O Dieu, envoie-nous des fous, ceux qui s’engagent à fond, ceux qui s’oublient, ceux qui aiment autrement qu’en paroles, ceux qui se donnent pour de vrai et jusqu’au bout. Il nous faut des fous, des déraisonnables, des passionnés, des gens qui soient capables du saut dans l’insécurité, dans l’inconnu toujours plus béant de la pauvreté. (…) Le saut ne consiste pas toujours à rompre avec son milieu ou son genre de vie : il s’agit d’une rupture autrement plus profonde avec le soi-même encore égocentrique qui avait jusqu’ici dominé. Il nous faut des fous du présent, épris d’un style de vie simple, libérateurs efficients des pauvres, amants de la paix, (…) à la fois libres et obéissants, spontanés et tenaces, doux et forts.
(*) : Les temps changent : Economie et Humanisme vient d’être dissoute après 66 ans d’existence.
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