En tes mains je remets mon Esprit. Tu me rachètes, Seigneur,
Dieu de Vérité.
Je suis la risée de mes adversaires, et même de mes
voisins ;
Je fais peur à mes amis, s’ils me voient dans la rue, ils
fuient
On m’ignore comme un mort oublié, comme une chose qu’on
jette.
J’entends les calomnies de la foule ; ils s’accordent
pour m’ôter la vie
Moi, je suis sur de Toi, Seigneur, je dis « Tu es mon Dieu.
Mes jours sont dans ta main, délivre-moi des mains hostiles qui
s’acharnent
Sur ton serviteur que s’illumine ta face, sauve-moi par ton
amour
Soyez forts, prenez courage, vous tous qui espérez le
Seigneur
Depuis Gethsémani, la coupe est là,
débordante, la coupe de toutes les souffrances du monde, à boire jusqu’à la
lie. Gethsémani ! Il est normal que les disciples, malgré la volonté
d’être présents, n’aient pu accompagner Jésus dans son agonie. Il fallait qu’Il
la vive comme la nôtre. Or, d’une certaine manière, nous vivrons seuls notre
agonie, quelle que soit la présence de ceux qui nous entoureront. Nous vivrons
seuls l’angoisse ultime où comme le Christ, une dernière tentation se
glisse : « est-ce bien la peine ? »
Pour le Christ cette tentation insinue « est-ce bien
utile de donner ta vie pour un monde qui de toute façon s’en
moquera ? ». Pour nous, elle susurre une dernière fois
« Espérance ? Est-ce la peine de croire en l’au delà, et même si
c’est le cas, que sera-t-il, et qu’y vaut le poids de ta personne, de ton amour
si mesuré ? ».
Comme nous à partir de cette heure, le Christ est seul.
Alors comment vivre, sinon en entrant dans ce qui, depuis Gethsémani, porte
cette « coupe » : sa prière. « Père, entre tes mains, je
remets mon esprit ». Une prière obstinée, constante, qui prend tout,
emporte tout, donne tout : horreur de la trahison, déception de l’abandon,
tristesse de l’incompréhension, souffrance des moqueries, douleur intolérable,
cruauté de tous, dont aucun ne sait combien il blasphème…
« Pardonne-leur… ».
Alors, oui, devant toute souffrance ou cruauté, nous pouvons vivre une sorte
d’offertoire, et prier « Père, je
remets » cela. En m’y plongeant à cœur et à corps perdu, que mes mains
soient tes mains pour accueillir l’infinie douleur de ce monde qui T’ignore,
recueillir son cri dans cette « coupe » où coule ta Lumière. Pour
tous ceux qui désespèrent, « Sur ton serviteur que s’illumine ta
face »
« Père, entre tes mains » : donne-nous ta délicatesse pour que la grossièreté de nos doigts jamais « n’écrase le roseau froissé,[jamais] ne souffle sur la mèche qui faiblit, mais [fasse] paraître ton jugement » d’infinie Miséricorde à tous ceux qui ne savent pas l’Espérance. (Is 42.6) « Père, entre tes mains, je remets mon esprit »…
Denis
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