Evangile de Jésus-Christ selon Saint
Jean (10 35-42)
Les juifs allèrent de
nouveau chercher des pierres pour lapider Jésus. Celui-ci prit la parole :
« j’ai multiplié sous vos yeux les œuvres bonnes de la part du Père. Pour
laquelle voulez-vous me lapider ? » Les juifs répondirent « ce
n’est pas pour une œuvre bonne que nous voulons te lapider, c’est parce que tu
blasphèmes ; tu n’es qu’un homme, et tu prétends être Dieu. » Jésus
leur répliqua : « Il est écrit dans votre Loi « J’ai dit : vous
êtes des dieux ». Donc, ceux à qui la Parole de Dieu s’adressait, la Loi
les appelle des dieux ; et l’Ecriture ne peut pas être abolie. Or, celui
que le Père à consacré et envoyé dans le monde, vous lui dites « tu
blasphèmes », parce que j’ai dit : je suis le Fils de Dieu. Si je
n’accomplis pas les œuvres de mon Père, continuez à ne pas me croire. Mais si
je les accomplis, quand bien même vous refuseriez de me croire, croyez les
œuvres. Ainsi vous reconnaîtrez, et de plus en plus, que le Père est en moi, et
moi dans le Père. » Les juifs cherchaient de nouveau à l’arrêter, mais il
leur échappa. Il repartit pour la Transjordanie, à l’endroit où Jean avait
commencé à baptiser. Et il y demeura. Beaucoup vinrent à lui en déclarant :
« Jean n’a pas accompli de signes ; mais tout ce qu’il a dit au sujet
de celui-ci était vrai. » Et à cet endroit, beaucoup crurent en lui.
Il faut « croire » en quelqu’un
pour pouvoir lui attribuer une « œuvre ». Sinon, le mépris de
l’œuvre, son déni, ou son attribution au hasard en annuleront le message. Mais
pour croire en quelqu’un, il faut l’avoir « vu à l’œuvre ».
D’ailleurs, les « signes » égrenés depuis le paralytique de Bezatha
(Jn 5) et l’aveugle né (Jn 9) sont ponctués de ces deux phrases : « Croyez les œuvres » et
« L’œuvre de mon père, c’est que vous croyez en celui qu’il a envoyé »
(Jn 6.9). Etonnante symétrie « où tout ensemble ne fait qu’un »,
comme dirait le psaume 121.
Alors, la poule, ou l’œuf ? La foi
commence-t-elle par un pressentiment d’Espérance, ou par un « acte »
de foi ? Question désarmante pour celui qui brûle de transmettre. Sur ce
dilemme impossible, nous sommes précédés : notre désarroi s’ancre dans la
difficulté du Christ à Se faire reconnaître … Rassurant.
Mais … l’amour humain commence-t-il dans
l’élan des promesses, ou au moment où il faut passer par dessus une blessure,
dans un « acte d’amour » volontaire ? Foi, Espérance et Charité,
c’est un cercle vertueux. Espérer, c’est initier une attente qui ouvre les yeux ;
ouvrir les yeux permet de « faire connaissance » d’entrer en
confiance ; la confiance colore le regard d’Amour, puis de
« reconnaissance » qui
renforce l’Espérance …L’Espérance est cette graine qui germe en
foi, fleur dont l’amour donnera des fruits, donc des graines … « Ainsi
vous reconnaîtrez, et de plus en plus, que le Père est en moi, et moi dans le
Père. »
Entre la poule et l’œuf, il n’y a plus
qu’une certitude : tout est grâce. Mais tellement souvent, cette grâce se
heurte en nous à l’indifférence, au refus ou l’autosuffisance : tournés
sur nous-mêmes, ce sont ces pierres que nous n’avons même pas à « chercher
pour lapider » l’œuvre à laquelle Dieu voudrait tant nous associer,
dans ce dessein qui alors « nous échappe ».
« Pourquoi te désoler, ô mon âme, et gémir sur moi ? Espère en Dieu ! De nouveau je rendrai grâce :Il est mon sauveur et mon Dieu ! » (Ps 41.6). « Je crois, viens au secours de mon incroyance » lançait le père de l’enfant épileptique (Mc9.24).C’est l’« acte de foi » le plus dynamisant que je connaisse, celui que je voudrais vivre aujourd’hui.
Denis
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