l’Evangile du vendredi 23 mai 2008 Mc 10.1-12
« Moïse a permis de renvoyer sa femme à condition d’établir un acte de répudiation. » Jésus répliqua : « C’est en raison de votre endurcissement qu’il a formulé cette loi. Mais au commencement de la création, Dieu les fit homme et femme. A cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais il ne font qu’un. Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! » De retour à la maison, les disciples l’interrogeaient de nouveau sur cette question. Il leur répond : « Celui qui renvoie sa femme pour en épouser un autre est coupable d’adultère envers elle. Si une femme a renvoyé son mari et en épouse un autre, elle est coupable d’adultère. »
L’union dans le Christ de l’homme et
de la femme, image de l’union de Dieu et de l’humanité, ne peut être
qu’amoureuse, car « par Lui,
avec Lui, et en Lui », irriguée de cette magnificence. C’est là le
grand cadeau de la Chrétienté. L’Amour, loin d’un élan fébrile passager, «
commence lorsqu’il n’a plus rien à attendre », disait St Exupéry. Et ce
n’est pas désabusé : on passe juste du kleenex à l’Alliance ! St Paul
indique « L’amour prend
patience, l’amour rend service (…) il n’entretient pas de rancune… »
(1Co13.4-8). Splendide passage qui dévoile l’être de Dieu.
Est-ce inaccessible à «
l’endurcissement de [notre] cœur ? ». Certainement, si nous voulons
en être nous-même la source, obligatoirement limitée. Mais si nous décidons de
laisser le Christ aimer en nous, si nous aimons « par Lui, avec Lui, et
en Lui », tout devient possible jusqu’au moment même où notre amour ne
serait pas « payé de retour » : nous pouvons continuer à vivre
cette fidélité amoureuse, malgré la blessure, afin d’ouvrir l’espérance de
retrouvailles plus forte que ce qui a séparé. On pourrait même dire :
malgré la crainte, dans des cas extrêmes, de ne recevoir que des coups (verbaux
ou physiques, tout fait mal). Disant cela, il ne faut pas en déduire qu’il faut
accepter un enfer ; la « séparation » physique peut être
salutaire, mais si nous la vivons dans le Christ, elle ne fermera pas en nous
cette « magnificence » de l’Amour : pardon, patience,
espérance.
Nous y comprendrons que le pardon est la condition de toute
résurrection. L’expérience du Pardon, « don » de soi « par
delà » la blessure, ouvre un sentiment de vivre décuplé. Pardonner,
première expression de la fidélité, c’est décider de l’aimer « par
dessus » la cassure, c’est entrer de manière très pure dans cette
« ressemblance » à Dieu à laquelle notre « image »
est appelée, Lui, le Fidèle de l’Alliance depuis toujours.
Refuser de pardonner, c’est épouser notre ego, c’est déjà un
adultère.
Cette fidélité peut sembler parfois une « croix à
porter », mais aussitôt le Christ est là qui joue le rôle d’un certain
Simon de Cyrène, et nous met la main sur l’épaule. Normal : Il est si
heureux de trouver des compagnons sur son chemin de croix à travers toutes nos
divisions…
Denis
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