Vendredi 16 mai 2008 Evangile de Marc
8.34-9.1
Appelant la foule avec ses
disciples, Jésus leur dit : « si quelqu’un veut marcher derrière moi,
qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix, et qu’il me suive. Car celui
qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi
et pour l’Evangile la sauvera. Quel avantage, en effet, un homme a-t-il à
gagner le monde entier en le payant de sa vie ? Quelle somme pourrait-il
verser en échange de sa vie ? Si quelqu’un à honte de moi et de mes
paroles dans cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l’homme aussi
aura honte de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père avec les
anges. » Et il leur disait : « Amen, je vous le dis : parmi
ceux qui sont ici, certains ne connaîtront pas la mort avant d’avoir vu le
règne de Dieu venir avec puissance. »
Prendre sa
croix ? Ma parole, ils sont fous, ou masos, ces chrétiens ? Quel est
ce Dieu sadique ?
Eh, non,
tout faux. Prendre sa croix, c’est une question de sourire, non de souffrance.
On ne
prend pas sa croix en cherchant le
danger, la douleur ou la mort. Dans les premiers temps de l’Eglise, bien des
fantaisistes à l’héroïsme provocateur n’ont jamais été déclarés martyrs, mais
dérangés ! On prend sa croix en cherchant à poursuivre sa route d’Amour,
de justice, de paix, et de joie, quels que soient les évènements, les
difficultés et le prix. Si la souffrance n’est pas indispensable à cette
disposition du cœur, la joie et la paix le sont. Si cela se fait à travers des
souffrances (la vie n’épargne personne), ce sera en donnant sens à ces
dernières. Le pardon en est souvent la première étape. De toute façon, si nous
ne portons pas notre croix, c’est notre souffrance qui nous écrasera de manière
stérile et destructrice : rancœur et mélancolie remplaceront pardon,
bienveillance et paix, faisant de nous des morts vivants.
Porter sa
croix ne change pas obligatoirement les actes, mais les teinte de cette joie
irréductible qui se nomme Béatitude. Un sourire à la Vie, dans l’orientation de
tout un être, la joie de l’offrande de tout ce que nous sommes. Et dès lors, la
vie, même souffrante, est un Jackpot : elle répond à sa vocation unique et
particulière. Offerte, elle est « sauvée », car elle sait sa destination.
Car
prendre sa croix, c’est autoriser Celui que nous tentons de suivre à nous
donner les moyens, la grâce de rester fidèles à un aspect de sa manière d’être
à Lui, selon notre histoire propre, en nous « accordant » chaque jour
un peu plus aux couleurs de cet arc-en-ciel de l’Alliance qu’Il déploie dans le
ciel de nos déluges. Autrement dit, c’est une façon de dire « qu’il me
soit fait selon ta Parole » comme Marie (Lc 1.38). Et alors naîtra en
nous le « Fils » particulier que nous pouvons devenir, car ce
« fiat » ne sera pas prononcé pour accuser Dieu de nos déboires, mais
dans l’Espérance confiante qu’Il transfigure ces difficultés en passage, la
souffrance des jours en chant d’Amour de toute Eternité.
Comment
aurait-Il honte de nous lorsque « nous Le verrons tel qu’Il est »
puisque « nous serons semblables à Lui. » (1Jn3.2)
Denis
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