Vendredi 13 juin 2008 Mt 5.27-36
Comme les disciples s’étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait : « Vous avez appris qu’il a été dit : tu ne commettras pas d’adultère. Eh bien moi, je vous dis : tout homme qui regarde une femme et la désire a déjà commis l’adultère dans son cœur. Si ton œil doit entraîne ta chute, arrache-le et jette-le loin de toi : car c’est ton intérêt de perdre un de tes membres et que ton corps tout entier ne soit pas jeté dans la géhenne. Et si ta main droite entraîne ta chute, coupe la et jette la loin de toi : car c’est ton intérêt de perdre un de tes membres, et que ton corps tout entier ne s’en aille pas dans la géhenne. Il a été dit encore : si quelqu’un renvoie sa femme, qu’il lui donne un acte de répudiation. Eh bien moi, je vous dis : tout homme qui renvoie sa femme, sauf en cas d’union illégitime, la pousse à l’adultère ; et si quelqu’un épouse une femme renvoyée, il est adultère.
Ah, ben voilà pourquoi il est plus facile à un chameau de passer par le chas d’une aiguille qu’à un riche de rentrer dans le Royaume des cieux ! Parbleu : sans bras, jambes, tête… c’est moins volumineux !
Je ne connais pas de partie de moi-même qui n’ait été un jour l’outil de ma « chute ». Mais c’est le plus profond de moi qui est responsable, et je ne peux en aucun cas l’arracher : ce n’est pas ma main qui manque d’amour, mais le geste que je lui fais faire. Ni mes yeux qui désirent en désordre, jugent ou rejettent, mais mon incapacité à voir dans chacun l’infini qu’il porte, et qui fait de moi un adultère Quelle que soit la nature de la relation (amicale, commerciale, matrimoniale) : penser avoir fait le tour de l’autre le condamne à être remplacé, puisque chacun de nous porte un désir d’infini. Adultère signifie qu’on l’abandonne pour un rêve ultérieur.
Ce qu’il faut donc jeter au loin, ce sont nos rêves chimériques, c’est ce qui nous coupe de l’émerveillement quotidien, ce qui éteint notre regard ou y met la couleur du mépris ou du rejet : voilà la vraie chute, qui nous rend étrangers au regard de Dieu, Lui qui crée, habille, accompagne, Lui qui, même « si nous sommes infidèles, restera fidèle, car il ne peut se renier Lui-même »(1). Finalement, l’adultère est ce qui nous éloigne le plus de notre ressemblance à Dieu, puisque cela Lui est totalement étranger, même lorsque nous l’avons Lui même « renvoyé ».
Lui qui ne cesse de nous demander « m’aimes-tu ? » (2). .Peut-être un jour l’entendrons-nous. Ce jour là, nous n’avons même plus à jeter quoi que ce soit loin de nous, nous n’avons qu’un désir : Lui répondre par notre fidélité retrouvée. Ce jour là, la loi sera « accomplie », selon la promesse qui précède le passage d’aujourd’hui (3) .
Alors gardons espoir de parvenir entiers dans le Royaume : « nos cheveux sont tous comptés » (4), et le seul péché qui ne puisse être pardonné, c’est le péché contre l’Esprit (5) , qui consiste justement à concevoir des limites à la fidélité divine. Job ne s’est pas trompé : « de mes yeux de chair, je verrai Dieu » (6) Non, ce passage n'est pas sans queue ni tête.
Denis
1 : 2Tm2.13 2 : Jn 21, 15 3 : Mt 5.17 4 : Lc 12.7 5 : Mc 3.29 6 : Job 19.25-27
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