Comme les disciples s’étaient rassemblés autour de Jésus sur la montagne, il leur disait : « vous avez appris qu’il a été dit : tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien moi, je vous dis : aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est dans les cieux ; car Il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons et tomber la pluie sur les justes et les injustes. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous ? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Et si vous ne saluez que vos frères, que faites vous d’extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. »
.
Déjà, l’Evangile d’hier, proposant de tendre la joue, questionnait la réaction épidermique de décocher un uppercut lorsqu’on reçoit une gifle : tenter de poser le problème autrement, judo plus que boxe.
Ici, Jésus veut nous faire passer du mode enfantin « c’est lui qui a commencé ! », à un mode adulte : une vraie médecine plutôt qu’un constat passif ou révolté. Et son conseil est intérieur, commençant par la prière, l’acte gratuit d’un sourire contre l’indifférence : la prise de judo serait une caresse en passant. Jusque là, ça ne coûte pas grand chose, et ne peut pas faire de mal. Mais tout à coup, surprise totale, la demande du Christ semble démesurée « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. » Bigre, mais, pour qui me prend-il ?
Pourtant, cette chute a été longuement préparée, et toute sa vie en sera l’application. Bon, d’accord, pour lui, c’est fââââcile, Il est Dieu. Sauf que ce qui est divin en Lui, c’est avant tout l’Amour qu’il nous porte, que toute agression blesse d’autant plus durement. Mais Il prie. universellement, totalement, constamment, pour nous, pour ces publicains qui s’égarent et ces pharisiens qui le refusent et le tueront. Il ne cessera d’aller les (nous) chercher, leur (nous) parler, répondre à leur mauvaise foi par la droiture de nouvelles questions (tendre l’autre joue, c’est ça), les regarder avec amour, et de les mettre en garde contre les pièges dans lesquels ils s’enferment, jusqu’à la confrontation avec Caïphe ou Pilate.
La question n’est pas de savoir si c’est facile d’être parfait. De toute façon, ce que nous sommes, c’est « Par Lui, avec Lui, et en Lui ». C’est de constater que cette perfection, finalement, vient de recevoir une définition précise, que Luc reprendra dans sa formulation équivalente : « soyez miséricordieux comme votre Père est Miséricordieux. » (Lc 6.36) rappelant « C’est la miséricorde que je désire, et non les sacrifices. » (Os 6.6). Alors, même imparfaits, nous ouvrirons au monde quelques Béatitudes « heureux les doux, il obtiendront la terre promise… Heureux les artisans de paix, ils seront appelés fils de Dieu… »
En résumant : « Heureux les miséricordieux, ils obtiendront miséricorde. »
Denis
Commentaires