Dimanche 24 Août Rm 11.33-36
Quelle profondeur dans la richesse, la sagesse et la science d Dieu ! Ses décisions sont insondables, ses chemins sont impénétrables ! Qui a connu la pensée du Seigneur ? Qui a été son conseiller ? Qui lui a donné en premier et mériterait de recevoir en retour ? Car tout est de lui, et par lui, et pour lui. A lui la gloire pour l’éternité ! Amen.
Les mêmes idées semblent émailler le livre de Job, tant dans les arguties de logique rétributive de ses protagonistes que dans le cœur à cœur des discours de Yahvé qui rétablissent tout en terme de mystère. Mais ici, il s’agit de bien plus : nous entrons dans la seule vraie théologie : celle qui passe par l’Emerveillement.
« Voici à quoi se reconnaît l’Amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, C’est lui qui nous a aimés, et il a envoyé son Fils qui es la victime offerte pour nos péchés » dit à sa manière 1Jn4.10. « Accepter de mourir pour un homme juste, c'est déjà difficile; peut-être donnerait-on sa vie pour un homme de bien, Or, la preuve que Dieu nous aime, c'est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs » ajoute Rm 5.7-8. C’est bien, à l’inverse des détracteurs de Job, la déclaration universelle de la gratuité de Dieu, toujours premier dans son Amour. C’est ainsi qu’Il est le Créateur, car seul l’Amour est capable de créer. Un artiste ne peut « créer » que dans une relation à l’œuvre pétrie de la souffrance liée à cet Amour, à ce manque creusé en lui, irrépressible et jamais assouvi, pour que l’œuvre soit porteuse de cette dimension qui, au fond, parle de Dieu.
Et l’exclamation finale n’est pas sans rappeler la conclusion de la prière Eucharistique « Par Lui, avec Lui, et en Lui, à Toi, Dieu, le Père tout-puissant, tout honneur et toute Gloire pour les siècles des siècles. » C’est là que nous voyons poindre le mystique dans la personnalité de Paul. Les deux pieds solidement ancrés en terre, il ne convainc pas par des syllogismes imparables, mais par cet émerveillement qui le dépasse lui-même « je ne suis pas venu vous annoncer le mystère de Dieu avec le prestige du langage humain ou de la sagesse. Parmi vous, je n'ai rien voulu connaître d'autre que Jésus-Christ, ce Messie crucifié. Et c'est dans la faiblesse, craintif et tout tremblant, que je suis arrivé chez vous. » (1Co2.1-5) . Le ton de sa voix, le regard, le souffle trahissent la puissance intérieure de cet élan vital, sensible à l’écrit par un style haché, et la redondance des questions qui signent cette brûlure au cœur de Paul : souffrance de ne pouvoir trouver les mots pour traduire cette rencontre ineffable de Celui qui vient aimer en nous.
Il nous reste à nous associer à l’hymne de Didier Rimaud
« Jésus qui m’a brûlé le cœur au carrefour des écritures
Ne permets pas que la blessure en moi se ferme… »
Denis
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