Lc 09.51-56 Mardi 30 septembre 2008
Comme le temps approchait où Jésus allait être enlevé de ce monde, il prit avec courage la route de Jérusalem. Il envoya des messagers devant lui ; Ceux ci se mirent en route et entrèrent dans un village de Samaritains pour préparer sa venue. Mais on refusa de le recevoir, parce qu’il se dirigeait vers Jérusalem. Devant ce refus, les disciples Jacques et Jean intervinrent : « Seigneur, veux-tu que nous ordonnions que le feu tombe du ciel pour les détruire ? » Mais Jésus se retourna et les interpella vivement. Et il partirent pour un autre village.
Jacques et Jean « fils du tonnerre » (cf. Mc3.17) portent bien leur nom ! « Touche pas à mon pote, ou tu vas voir ta gueule à la récré ! » Or le comportement des Samaritains ne diffère en rien de nôtre « indisponibilité » à certains moments, ou de celui d’un non chrétien. Mais depuis l’origine, Dieu est un coup de foudre amoureux pour l’homme, et non un tonnerre d'accusation. Et Jésus veut toujours laisser une chance à celui qui ne le reçoit pas. S'Il monte à Jérusalem, c'est pour dire que son bourreau lui-même sera pardonné et sauvé s’il a ce geste humble de celui qui tout à coup est saisi par l’éclair de la Rencontre.
Jacques et Jean ne sont pas seuls dans ce comportement excessif. Cette capture de Dieu est le fait de tout « fondamentalisme », toutes religions confondues, prenant ses désirs de puissance pour de l’obéissance. Combien déclarent avec applomb avoir été inspirés par l’Esprit pour tel acte, comme s’il s’agissait d’un SMS direct : aveuglés par leur propre orgueil d’agir « au Nom de Dieu », ils passent devant Lui pour faire à sa place. Manifestement, ils n’ont rien compris à sa nature profonde, qui est toute faite d’humilité et de tendresse (le « très bas », dirait Ch. Bobin) : ils accusent le monde entier, se faisant juges autant que justiciers. Pourtant, l’accusateur a un Nom, c’est celui d’un certain serpent (Cf. Ap 12.10). Quant à l’Esprit, Il agit avec tant de discrétion ! Avez-vous remarqué qu’Il signait plutôt « après » que la page fut écrite ? Normal, Il est bon écrivain. Il s’efface devant son œuvre.
C’est peut-être à l’aune de ce texte qu’il faut prendre le Motu Proprio de Benoît XVI, homme désarmant par son humilité, dont le souci de communion au delà de ce qui sépare est admirable, tournant le dos à des siècles d’excommunications, mises au ban, exclusions... Même sans transiger sur l’incontournable, être vicaire du Christ, c’est dire sa Tendresse et sa compassion plutôt que foudroyer du tonnerre de Zeus..
Denis
Commentaires