Mardi 16 septembre 2008 Lc 07.11-17
Jésus se rendait dans une ville appelée Naïm. Ses disciples faisaient route avec lui, ainsi qu’une grande foule. Il arriva près de la porte de la ville au moment où l’on transportait un mort pour l’enterrer ; C’était un fils unique et sa mère était veuve. Une foule considérable accompagnait cette femme. En la voyant, le Seigneur fut saisi de pitié pour elle, et lui dit : « Ne pleure pas. » Il s’avança et toucha la civière ; les porteurs s’arrêtèrent, et Jésus dit : « Jeune homme, je te l’ordonne, lève-toi. » Alors le mort se redressa, s’assit, et se mit à parler. Et Jésus le rendit à sa mère. La crainte s’empara de tous, et ils rendaient gloire à Dieu : « Un grand prophète s’est levé parmi nous, et Dieu a visité son peuple. » Et cette parole se répandit dans toute la Judée et dans les pays voisins.
Ce passage préfigure mot pour mot la résurrection de la fille de Jaïre : « Ne pleure pas » (Lc 8.52) , et « Talitha koum » « Jeune fille, je te l’ordonne, lève-toi » (Mc 5.41) Il y a en Jésus cette constante de compassion et d’ordre pour la vie. Le commandement de Dieu, c’est ça. Non pas barrières, mais en quelque sorte éternelle recréation « Ne pleure pas, lève-toi, et vis. » Et pour cela, Jésus nous ordonne de défaire tous les liens qui nous paralysent (Lazare). Les tables de la loi ne sont finalement qu’un développement de cet ordre pour la vie, qui passera par le « plus grand commandement », celui de l’Amour. « Je mets devant toi la vie et la mort, choisis la vie » implore Dieu (Dt 30.19)
Les providences de la liturgie placent ce texte au lendemain de la solennité de « Notre Dame des Douleurs », où nous chantions le « Stabat Mater dolorosa ». Marie se souvenait-elle de cet instant aux portes de Naïm lorsque son fils « pendait au bois » ? Il est des moments où nous avons du mal à accepter ces lectures de notre histoire comme des promesses, où les larmes qui nous submergent occultent notre regard. Souffrance immense de cette mère qui a tout perdu, comme celle de Marie, toutes deux veuves et mères d’un fils unique. Double deuil. Au delà de toute perte d’un proche, si terrible soit-elle, c’est aussi, finalement, celui que nous faisons du « mari » et du « fils unique » en nous lorsque nous constatons combien nous sommes éloignés de ce que nous aimerions présenter comme offrande de nous-mêmes à Dieu. Mais Jésus nous connaît, lui dont la « compassion » sera l’objet de sa passion, et qui dira « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. » Il nous adresse cet appel-promesse depuis la Création : « Je te l’ordonne, lève-toi ».
Obéir à ce commandement, c’est accepter d’être tombé, mais de ne jamais en rester là, c’est finalement prendre notre chemin de sainteté, dont nous découvrons la nécessaire humilité, l’âpreté des combats intérieurs et l’obscurité. Mais en « relevant » ce défi, nous constatons en nous ce « relèvement » de vie, cette résurrection (c’est le même mot en grec), et nous ne pouvons que nous « mettre à en parler ! », afin que cette « parole se répande ».
Denis
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