Dimanche 12 octobre 2008 Ph04.12-20
Frères, Je sais vivre de peu, je sais aussi avoir tout ce qu’il me faut. Etre rassasié et avoir faim, avoir tout ce qu’il me faut et manquer de tout, j’ai appris cela de toutes les façons. Je peux tout supporter avec celui qui me donne la force. Cependant, vous avez bien fait de m’aider tous ensemble quand j’étais dans la gène. Et mon Dieu subviendra magnifiquement à tous vos besoins selon sa richesse dans le Christ Jésus. Gloire à Dieu notre Père pour les siècles. Amen.
Au plan matériel, on sait ce que Paul a enduré. Faim, naufrages, épuisement, froid... Pourtant, il a continué avec le même enthousiasme dont il savait la source « je peux tout en celui qui me donne la force ». Manquer de tout avec élan, c’est cette attitude d’accueil de tout comme une providence, dans une joie qui dépassait les difficultés, tant il brûlait du Christ. Ce dénuement était vécu comme une plénitude, car tout ce qu’il recevait, (même gagné à la sueur de son front) était vu comme un don, un cadeau surabondant, puisque gratuit, c’est à dire non mérité. Un tel regard est celui du vœu de Pauvreté : « Heureux les pauvres de cœur, le Royaume de cieux est à eux » (Mt5.3).On a envie de dire : ce Royaume n’est pas triste.
Or ce qu’il a enduré sur le plan physique se double de la même expérience sur le plan spirituel. Mais transposition n’est pas équivalence. L’expérience de la tendresse de Dieu nous comble au delà de toute attente, joie surabondante qui nous laisse sans voix « L’abîme appelant l’abîme à la voix de tes cataractes, la masse de tes flots a passé sur moi » (Ps 41). Mais c’est à cet instant précis qu’elle nous ouvre à une soif décuplée : elle nous a laissé entrevoir l’infini. Et nous voilà saisis, éperdus de cette Vérité un instant dévoilée « Tu a posé la main sur moi, savoir prodigieux qui me dépasse » (Ps 138), nous ne voulons plus lâcher Celui qui nous conduit « sur les ailes de l’aurore…au delà des mers » de nos morts vers cet inconnu incommensurable dont nous avons la mémoire inscrite au plus profond de nous. Et pourtant, c’est notre propre désir décuplé qui Lui permettra de venir nous combler encore… « Ne me retiens pas » (Jn20.17)
Alors oui, en effet, « Dieu subvient magnifiquement à tous nos besoins » spirituels et matériels « selon sa richesse ». Sur le plan spirituel, cela dépend juste de notre soif de Lui. Et sur le plan matériel, de notre capacité à être les uns pour les autres son outil de partage des biens mis à notre disposition, de notre élan à tout mettre en jeu de ce qui pourrait n’être qu’une propriété stérile.
Finalement, toute vraie richesse dépend de notre désir de vivre la joie du vœu de pauvreté, à la suite de François que nous fêtions récemment.
« Dieu, Tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube
Mon âme a soif de Toi » (Ps 62)
Denis
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