Mardi 14 octobre 2008 Galates 5.1-6
Frères, si le Christ nous a libérés, c’est pour que nous soyons vraiment libres. Alors tenez bon, et ne reprenez pas les chaînes de votre ancien esclavage. Moi, Paul, je vous le déclare : si vous recevez la circoncision, le Christ ne vous servira plus à rien. Et le j’atteste encore une fois : tout homme qui reçoit la circoncision est obligé de mettre en pratique la Loi de Moïse tout entière.
Vous qui pensez devenir des justes en pratiquant la Loi, vous vous êtes séparés du Christ, vous êtes déchus de la grâce. Mais c’est par l’Esprit, en vertu de la foi, que nous attendons de voir se réaliser pour nous l’espérance des justes. En effet, dans le Christ Jésus, peu importe qu’on ait reçu la circoncision : ce qui importe, c’est la foi agissant par la charité.
La circoncision aura décidément fait couler beaucoup d’encre, depuis cette deuxième alliance avec Abraham où cela lui fut ordonné comme un signe de soumission et d’appartenance. Par le Christ, la soumission ne passe plus ni par la marque dans la chair, puisque c’est la marque des clous dans la chair du Christ qui vient tout récapituler (Cf. lettre aux Hébreux), ni par une obéissance servile, transfigurée dans une relation fondée sur une intime communion : « Je ne vous appelle plus serviteurs, mais amis » (Jn 15.15).
Dans ce désir d’en rajouter, cédant aux sirènes fondamentalistes (déjà !), les Galates nient la grâce surabondante du baptême, où nous sommes appelés à devenir d’autres Christ, rien moins ! Si des signes extérieurs sont utiles, ils entrent en contradiction avec cette marque intérieure : « Jésus qui m’as brûlé le cœur au carrefour des écritures, ne permets pas que sa blessure en moi se ferme », chante D.RIMAUD. Cette marque sur notre « viande », oublie que la chair, dans la conception biblique, est bien plus: c’est tout ce qui nous constitue de désir, d’élan intérieur, ce qui donne à notre vie à la fois son sens et la « liberté des enfants de Dieu », c’est à dire cette adhésion totale à l’Amour que nous recevons de Lui. Peut-on alors rechercher un « signe extérieur de religion » ? Lequel sera à la hauteur de cette transfiguration intérieure ?
Voilà depuis toujours la grande difficulté de l’Eglise : la résurrection avec le Christ dans l’épanouissement de notre baptême, cet accomplissement vital de la nature profondément humaine de chacun, cela se fait sans bruit, si c’est en vérité. La charité n'a rien à voir avec une barbe non rasée ou une mode vestimentaire bizarre. Et l’homme moderne, habitué au sensationnel, se laisse séduire par des signes extérieurs de religiosité plus démonstratifs.
Une exigence est autre chose que la Loi ou des « interdits ». Une exigence, c’est quelque chose qui vient du plus profond de nous-mêmes, qui traduit l’homme profond. C’est cette chair, cette manière d’être où nous avons l’impression, si nous trahissons le Christ, de nous trahir nous-mêmes. « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ en moi », dit Paul quelques lignes plus haut (Ga 2.20). C’est le corps du Christ, folie de l’Amour de Dieu, qui prend « chair » en nous par l’Eucharistie follement désirée.
Il y a deux manières de prendre l'autoroute: se râcler sur les glissières, ou regarder les panneaux.
Denis
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