Psaume 22
Je ne manque de rien.
Sur des prés d’herbe fraîche
Il me fait reposer.
.
Il me mène vers les eaux tranquilles
Et me fait revivre ;
Il me conduit par le juste chemin
Pour l’honneur de son Nom.
.
Si je traverse les ravins de la mort
Je ne crains aucun mal,
Car Tu es avec moi ;
Ton bâton me guide et me rassure.
.
Tu prépares la table pour moi
Devant mes ennemis ;
Tu répands le parfum sur ma tête,
Ma coupe est débordante.
.
Grâce et bonheur m’accompagnent
Tous les jours de ma vie
J’habiterai la maison du Seigneur
Pour la durée de mes jours
.
Qui d’entre nous, Seigneur, n’a pas en tête la rengaine de notre jeunesse sur ces paroles. Cette prière est de celles qui deviennent difficiles à vivre, parce qu’on les connaît par cœur : l’esprit les déroule sans y penser.
Jusqu’au jour où j’ai fait l’expérience de cette table préparée pour moi. Oh, bien sûr, pas que pour moi, heureusement. Mais Tu m’avais invité. Qu’avais-je fait pour ça , sinon vaguement Te chercher dans les entrelacs de mes fausses certitudes bien endormies. Et voilà que je me suis retrouvé devant Toi, qui étais à la fois la table, l’hôte, et le festin, qui me disais seulement « viens, c’est pour toi ». Pour moi, Seigneur ? Je n’étais pas digne de ça ! Et comme seule réponse, j’ai entendu la plus belle déclaration d’Amour que j’ai jamais vécue. Sans un mot, aucun de ces mots que nous galvaudons avec désinvolture.
Dans le silence d’un regard intérieur, Tu m’as demandé si je voulais bien être heureux avec Toi.
Qui refuserait le bonheur ? Il faudrait être fou ! Et pourtant, je l’ai fait, Seigneur. J’ai trahi ce juste chemin vers les eaux tranquilles, j’ai oublié l’herbe fraîche du jardin que tu avais planté en moi, et je suis souvent parti pour ces voyages d’ « affaires » où tout n’est pas lumineux. J’ai traversé les ravins de la mort spirituelle, où les sirènes ennemies voudraient nous faire oublier notre origine, où l’Ennemi va et vient comme un lion qui rugit. Jamais Tu ne m’as abandonné, même lorsque j’étais très loin, Toi, Tu étais tout près, qui pour me relever, me tendais ce bâton de ta promesse, et me montrais cette maison préparée avec Patience et Tendresse.
Alors mon Dieu, donne-moi de comprendre que cette maison, je n’ai pas à l’attendre pour un jour lointain, mais qu’elle existe déjà, puisque son adresse m’est intérieure, au plus profond de ma joie, Jérusalem céleste présente de toute éternité et qui m’attend. Donne-moi de comprendre que la seule lumière que je puisse y trouver pour l’habiter, c’est ta Présence, Toi qui Te tiens à la porte et frappes.
Alors oui, ma coupe est débordante de reconnaissance, débordante d’étonnement devant ta fidélité et ta constance, devant ta confiance en moi, devant tout ce que tu veux me donner sans que je sache vraiment si j’en ai la capacité d’accueil, mais là n’est plus la question : Tu es là, je suis là, la maison vit, pour la durée de mes jours, et pour l’éternité en germe.
Oui, je veux bien être heureux avec Toi, et même, nous pourrons y inviter tous ceux qui passent dehors dans le noir.
Denis
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