Mardi 18 novembre2008 Mt 14.22-33
Aussitôt après avoir nourri la foule dans le désert , Jésus obligea ses disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, pendant qu’il renverrait les foules. Quand il les eut renvoyées, il se rendit sur la montagne, à l’écart, pour prier. Le soir venu, il était là, seul. La barque était déjà à une bonne distance de la terre, elle était battue par les vagues, car le vent était contraire. Vers la fin de la nuit, Jésus vint vers eux en marchant sur la mer. En le voyant marcher sur la mer, les disciples furent bouleversés.
Ils disaient « c’est un fantôme », et la peur leur fit pousser des cris. Mais aussitôt, Jésus leur parla : « confiance, c’est moi n’ayez pas peur ! » Pierre prit alors la Parole : « Seigneur, si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur l’eau. » Jésus lui dit : « Viens ! » Pierre descendit de la barque et marcha sur les eaux pour aller vers Jésus. Mais, voyant qu’il y avait du vent, il eut peur ; et comme il commençait à enfoncer, il cria : « Seigneur, sauve-moi ! » Aussitôt, Jésus étendit la mains, le saisit et dit : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » Et quand ils furent montés dans la barque, le vent tomba. Alors ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui, et il lui dirent : « Vraiment, tu es le Fils de Dieu ! »
Voici notre aventure de Chrétiens depuis l’ascension du Christ. Après que Jésus ait nourri l’ensemble de l’humanité de son corps et de son sang sur la croix, ses disciples ont dû prendre seuls la barque de l’Eglise sans qu’Il soit physiquement là pour leur dire où aller et jeter les filets. Et les vents sont aussi contraires pour nous que pour eux. Parfois, nous doutons… du sens de notre vie, du bien fondé de notre action et de nos engagements. Ce n’est plus une barque, mais une galère, si loin de la terre ferme, là où nous nous sentons parfois bien seuls et petits devant l’océan des situations humaines difficiles. Alors nous avons besoin de Le discerner qui nous accompagne au quotidien. Et lorsque nous pensons L’apercevoir, nous Lui demandons « si c’est bien toi, fais-moi faire ce que tu veux ». Mais devant les difficultés qui s’amoncellent, nous perdons pied et courage. Savoir garder notre élan dans les vents contraires, voilà qui nous dépasse : Il nous faut nécessairement nous en remettre à Lui. « Sauve-moi !».
On peut me dire ; « ce n’est pas par manque de foi : c’est en nous que nous n’avons pas confiance. » Mais c’est la même chose, puisque nous ne pouvons agir que « Par Lui, avec Lui, et en Lui ». Depuis la Genèse, nous sommes dans la peur liée à l’apparente solitude de notre condition humaine. Comme si Dieu ne nous tenait la main que dans les contes de fée… ou s’il ne le faisait que de temps en temps, quand Il y pense. Mais Dieu, ce n’est pas Hollywood, disait une amie. C’est du réel, pas du virtuel, disait une autre [1]. Le Père Antoine Chevrier [2] osait affirmer : « Un saint, c’est quelqu’un qui commande à Dieu et à qui Dieu obéit ! » Folie ? Non, car si nous sommes orientés vers le seul Saint, notre désir est accordé au sien, et Il est trop heureux de trouver quelqu’un pour faire sa volonté dans le monde.
Mais c’est aussi notre histoire au soir de notre vie, quand l’autre rive sera celle de la Rencontre définitive. Aurons-nous suffisamment foi dans sa Miséricorde ? Seule l’imploration continuelle des Orthodoxes nous fera faire du ski nautique sur la mer de notre deuxième mort « Seigneur, prends pitié de moi qui suis un homme pécheur ». Si nous osons cela, Il nous saisira, et fera de nous des saints… en nous obéissant !
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