Vendredi 12 décembre 2008 Mt11.16-19
Jésus déclarait aux foules : « A qui vais-je comparer cette génération ? Elle ressemble à des gamins assis sur les places, qui en interpellent d’autres : ‘Nous vous avons joué de la flûte, et vous n’avez pas dansé. Nous avons entonné des chants de deuil, et vous ne vous êtes pas frappé la poitrine.’ Jean Baptiste est venu, en effet ; il ne mange pas, il ne boit pas, et l’on dit : ‘c’est un possédé !’ Le Fils de l’homme est venu ; Il mange, il boit, et l’on dit : ‘c’est un glouton et un ivrogne, un ami des publicains et des pécheurs.’ Mais la sagesse de Dieu se révèle juste, à travers ce qu’elle fait. »
Il faut prendre très au sérieux lorsque Jésus parle à « cette génération », car c’est nous-mêmes. Par exemple, lorsqu’il affirme « Cette génération ne passera pas que tout ceci ne se soit réalisé » (Lc21.32) cela continue à être d’une actualité brûlante, puisqu’il parle de sa venue. Dans ce texte, il déplore notre surdité à tous les langages qu’il tente de nous adresser. Quelle que soit la façon dont Il se présente, il en est toujours pour mépriser son action. Ou même pour voir son action là où elle n’est pas. Un malheur, et l’on s’écrie « qu’est ce que j’ai fait au bon Dieu ». Mais… un bonheur, et on se l’attribue comme bien gagné. Marché de dupes vis à vis de Dieu, où le sourire qu’Il nous adresse de toute éternité est vu comme un affreux rictus sardonique. Quelles drôles de lunettes avons-nous chaussées, quel genre d’appareil auditif portons-nous ?
Pour nous, Chrétiens, la question de l’écoute est première. Le « Shema Israël » (Dt 6.4) est bien le début de tout. Ecouter pour petit à petit apprendre le langage de Dieu, à travers tous les moyens qu’Il emprunte, car Il ne manque ni d’imagination (ni d’humour), écouter en ayant conscience que tout ça ne fait qu’un : Jean Baptiste n’est pas contraire au Christ parce qu’ils diffèrent d’« emballage ».
Apprendre à discerner Dieu qui nous parle en toute chose, c’est voir en germe le Royaume ici et maintenant, c’est entrer dans l’émerveillement de sa Présence dans les plus petites choses, dans le silence comme dans le bruit qui se font musique, dans la solitude comme dans le comportement d’un groupe qui se font communion, dans le labeur comme dans le repos qui se font orientation de toute une vie, dans les regards comme dans les gestes qui se font traduction de la tendresse reçue et de ce respect infini. C’est découvrir cette étonnante « sagesse de Dieu [qui] se révèle juste », d’une justice qui nous dépasse
« Shema Israël », c’est même pour nous une question de responsabilité vis-à-vis du monde, dont nos sommes les « écoutants », comme ces immenses radiotélescopes, qui tentent de capter les signaux venant des étoiles. Veilleurs de l’attente immense de l’Eternité.
Alors, seulement, en transmettant ce que nous avons reçu, nous pouvons être prophètes… en sachant que nous serons reçus comme Jean Baptiste et Jésus. Un chrétien prévenu en vaut-il deux ?
Denis
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