Dimanche 11 janvier 2009 Baptême du Christ Mc 1.7-11
Jean Baptiste proclamait dans le désert : « voici venir derrière moi celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de me courber à ses pieds pour défaire la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés dans l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. » Or, à cette époque, Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée, et se fit baptiser par Jean dans le Jourdain. Au moment où il sortait de l’eau, Jésus vit le ciel se déchirer et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe. Du ciel une voix se fit entendre : « c’est toi mon Fils bien aimé ; en toi j’ai mis tout mon amour. »
Ce passage pose question : Le Christ n’avait nul besoin de ce « baptême de conversion pour le pardon des péchés »[1]. Ce que Jean lui murmurera : « c’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi »[2]. En fait, la question doit s’inverser : « Celui qui n'a pas connu le péché, Dieu l'a pour nous identifié au péché des hommes, afin que, grâce à lui, nous soyons identifiés à la justice de Dieu. »[3]
En effet, s’il y a bien dans cette démarche une volonté de solidarité totale avec l’homme, cette dernière ne signifie pas seulement pour le Christ partager le sort de ceux dont Il a pris la nature. S’Il plonge dans cette eau où chacun a lavé ses péchés, c’est pour la purifier. « Les eaux en Te voyant, Seigneur, les eaux, en Te voyant, tremblèrent »[4], sans doute de joie de se voir transfigurer dans l’Esprit Saint. En recevant celui qui est la source, les eaux du Jourdain deviennent en quelque sorte, ce « fleuve immense » qui rend la vie à nos mers mortes [5], où le poisson sera si abondant, sur les rives duquel la vie sera surabondance et joie.
Jean a raison : le Christ change bien le sens du baptême proposé jusque là : de pénitence, dans l’Esprit Saint, il en fait une renaissance. Il sanctifie cette eau, jusque là salie par notre péché, et comme elle, nous ne sommes pas seulement lavés, mais recréés. « Comme cette eau se mêle au vin pour le sacrement de l’Alliance, puissions-nous être unis à la divinité de Celui qui a pris notre humanité ».. Les noces de Cana seront un écho de cette transfiguration, puisque c’est dans les jarres de purification que le vin du mariage de l’humanité avec son Dieu coule à flots[6]. Nous y recevons l’eau si abondante qui sourd de son côté[7] sur la croix , où ce lieu de mort se reflète en arbre de vie, et nous en ressuscitons avec Lui
Et, au delà de nos naufrages, la colombe qui avait annoncé à Noë le retour de la vie après le déluge vient désigner Celui qui est la Vie. Dans la nouvelle Alliance cette parole nous est désormais adressée : « en toi j’ai mis tout mon amour ». Parole où la « crainte de Dieu » a elle aussi changé de nature : elle n’est plus celle d’un châtiment, mais celle de ne pas répondre à l’attente amoureuse de Dieu, à notre nature de Christ.
C’est ici, en quelques lignes, toute l’histoire du salut. Au fleuve immense pourra répondre la « foule immense que nul ne peut dénombrer »[8].
DP
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