Dimanche 18 janvier 2008 Jn 1.35-42
Jean Baptiste se trouvait avec ses disciples. Posant son regard su Jésus qui allait et venait, il dit : « Voici l’agneau de Dieu. » Les deux disciples entendirent cette parole, et ils suivirent Jésus. Celui-ci se retourna, vit qu’ils le suivaient, et leur dit : « Que cherchez-vous ? » Ils lui répondirent : « Rabbi (c’est à dire : Maître), où demeures-tu ? » Il leur dit : venez et vous verrez. » Ils l’accompagnèrent, ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour là. C’était vers quatre heures du soir. André, le frère de Simon-Pierre, était l’un des deux disciples qui avaient entendu Jean Baptiste et qui avait suivi Jésus ; Il trouve d’abord son frère Simon et lui dit : »Nous avons trouvé le Messie » (autrement dit : le Christ). André amena son frère à Jésus. Jésus posa son regard sur lui et dit : « Tu es Simon, fils de Jean ; Tu t’appelleras Képha. » ( ce qui veut dire : pierre)
Notons que chez Jean, tous les disciples sont appelés par d’autres comme Simon-Pierre ou Nathanaël, contrairement aux synoptiques où ils sont appelés par Jésus. Voilà qui est proche de notre expérience d’aujourd’hui.
Quel était ce va-et vient de Jésus à proximité de Jean Baptiste ? Une attente ? Dès que Jean Baptiste le désigne comme l’Agneau de Dieu, il s’en va : il faut un mouvement pour « être suivi ». Et lorsque Jean note qu’il se « retourne », ce n’est pas anodin : il y a chez-lui une sorte de conversion, passant de l’état solitaire à celui de Maître pour des disciples[1].
Demander « Que cherchez-vous ? », est d’ailleurs de cet ordre. Saura-t-il répondre à leurs attentes ? Certaines de nos attentes ne seront pas comblées par lui : si elles sont de l’ordre d’une dépendance alors qu’il nous veut adultes, ou d’un confort alors qu’il est la Vie et que la vie est un combat… Question en forme de délicatesse : elle les rend auteurs de leur démarche. Dieu fait toujours ainsi : Il nous invite, agit à travers nous, mais s’arrange toujours, dans son humilité, pour que nous y percevions notre propre rôle, comme s’il nous disait « Tu vois, sans toi, je n’aurais rien pu faire », alors que nous pensons là même chose à son sujet.
Mais l’attente des deux disciples est centrale : la demeure dont il s’agit n’est pas faite de pierre. Leur question est en quelque sorte « Quel projet t’habite qui t’envoie, d’où es-tu ? » Cette question, qui jalonnera l’Evangile de Jean avec une constance désarmante[2], sous-entend « qui es-tu », elle attend le mystère du Christ même : la demeure du Messie, c’est le Père. C’est ce qu’ils vont expérimenter en « demeurant » avec lui dans sa prière [3] : la Présence réelle du Père, de même que Jésus nous a laissé l’Eucharistie.
Cette présence visible en Jésus du Dieu invisible leur fera dire le lendemain « nous avons trouvé le Messie ». Seule une expérience de cet ordre peut nous rendre crédibles en vivant de Lui. Et en appelant Simon « Pierre », il crée en lui sa propre demeure. Nous sommes sa demeure dans l’Esprit, c’est ce qu’affirme Paul.[4]
[1] Comme il y aura une autre conversion quelques versets plus loin à Cana.
[2] jusqu’à la confrontation avec Pilate, précédée de quelques heures par celle de Thomas « où vas-tu » (Jn 14.5).
[3] depuis cette « dixième heure » (texte originel), c’est à dire l’heure qui suit la mort du Christ en croix, prémices de la résurrection
[4] 1Co 6.19
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