Vendredi 20 février 2009 Gn 11.1-9
Toute la terre avait alors le même langage et les mêmes mots. Au cours de leurs déplacements du côté de l’orient, les hommes découvrirent une plaine en Mésopotamie, et ils s’y installèrent. Ils se dirent l’un à l’autre : « Allons, ! fabriquons des briques et mettons les à cuire ! » Les briques leurs servaient de pierres, et le bitume, de mortier. Ils dirent : »allons ! Bâtissons une ville, avec une tour dont le sommet soit dans les cieux. Nous travaillerons à notre renommée, pour n’être pas dispersés sur toute la terre. » Le Seigneur descendit pour voir la ville et la tour que les hommes avaient bâties. Et le Seigneur dit : « Ils sont un seul peuple , ils ont tous le même langage : s’ils commencent ainsi, rien ne les empêchera désormais de faire tout ce qu’ils décident. Eh bien ! descendons, embrouillons leur langage : qu’ils ne se comprennent plus les uns les autres. » De là, le Seigneur les dispersa sur toute l’étendue de la terre. Ils cessèrent donc de bâtir la ville. C’est pourquoi on l’appela Babel (Babylone), car c’est là que le Seigneur embrouilla le langage des habitants de toute la terre ; et c’est de là qu’il les dispersa sur toute l’étendue de la terre ».
En voilà une belle idée : monter jusqu’au ciel. Mais si nous le voulons par nos propres force, nous tomberons en chemin plus bas que notre point de départ.
Voilà pourtant que nous y avons mis les moyens : nous qui sommes fait de glaise, nous nous sommes soumis à une coupe au carré, en briques toutes identiques, pensée unique et obligatoire, et dans ce joug dictatorial, qui exclut tout gêneur « différent », le feu de notre élan a fait cuire cette même glaise de notre âme pour qu’elle soit dure et pétrifiée (mais tout aussi cassante), même si la rançon est qu’elle ne sera plus sensible aux caresses du Potier Créateur. Le bitume lui-même, c’est de la vie fossilisée. Notre orgueil ne conduit qu’à bâtir un mur de mort en nous, la mort de tout ce qui pourrait nous rendre « malléables » : jusqu’à nos désirs de perfection y sont tordus par un rigorisme intolérant. C’est le pharisianisme, dont bien peu d’entre nous sont exempts. Il y a tant de désir d’autosatisfaction, d’être en règle avec soi même, lorsque nous nous astreignons à des sacrifices qui ne tendent qu’à notre renommée envers nous-mêmes. Les pièges de tels combat sont diaboliques, si tout cela n’est pas vécu dans la joie d’un don vital à Celui qui nous façonne.
Le brouillage des langages, de la part de Dieu, n’est donc pas une punition, mais bien plutôt un véritable sauvetage ! Il nous faut sortir de ces mortifications vécues pour elles-mêmes, vécues comme une dictature, si nous voulons comprendre les semaines qui s’annoncent comme un temps de retrouvaille avec cette diversité en nous, cette vie à profusion, peut-être surprenante parfois, mais si joyeuse lorsqu’elle s’élance dans la recherche éperdue de Dieu, lorsqu’elle est canalisée non pas dans des obligations, mais vers le seul bonheur qui vaille, que nous avons reçu de l’envers de Babel : Pentecôte, où le feu de l’Amour divin a de nouveau mis en fusion cette terre que nous sommes pour la rendre incandescente de sa Lumière et tous nous y réunir. DP
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