Mercredi 18 février Mc 8.22-26 Jésus et ses disciples arrivent à Bethsaïde. On lui amène un aveugle et on le supplie de le toucher. Jésus prit l’aveugle par la main et le conduisit hors du village. Il lui mit la mit de la salive sur les yeux, et lui imposa les mains. Il lui demandait : « Est-ce que tu vois quelque chose ? » Ayant ouvert les yeux, l’homme disait : je vois les gens, ils ressemblent à des arbres, et ils marchent. » Puis Jésus, de nouveau, imposa les mains sur les yeux de l’homme : celui-ci se mit à voir normalement, il se trouva guéri, et il distinguait tout avec netteté. Jésus le renvoya chez lui en disant : « ne rentre même pas dans le village ». La salive est ici l’image de la Parole. Un aveugle ne voit pas, mais il peut entendre en profondeur une parole dite avec sincérité et tendresse. Ce que pose Jésus sur les yeux de l’homme, serait-ce des questions sur son regard invalide ? . «-viens par ici, quittons ces mondanités, qui nous forgent de curieuses opinions sur ceux qui ne sont pas de notre milieu. Les étranges et les étrangers. Tu ne crois pas ? -Oh… Non, Seigneur, nous sommes comme tout le monde, je ne veux de mal à personne, moi, tu sais -Oui, mais tu dresses d’eux un portrait qui n’est pas eux. Et ton « clocher », ceux de ton « clan ,» de ton « village » disait-on autrefois, t’y aident : il se tisse une sorte de résonnance entre ce que vous dites. Et de cette résonnance découle une certitude sur le portrait que vous aviez dressé d’un trait malhabile : le crayon finit par graver le papier à force de s’enfoncer dans sa chair. Bientôt aucune gomme ne peut plus effacer le dessin dont vous avez chacun contribué à forcer les zones d’ombres. -D’accord, mais tout de même, ces zones d’ombres sont incontestables, regarde-toi-même ! -Ah ! Nous y voilà. Ouvre-moi les yeux, raconte-moi ce que tu vois -Des gens qui n’ont rien à voir avec ce que j’aime ! Vois comme ils sont : hautains, racistes, raides comme des piquets, avec leur ridicule bandeau dans les cheveux et leur costumes trois pièces de gens friqués, des « de Machin Chouette » avec lesquels je n’ai rien à partager. Ils ont des bras, une tête, et parfois des lunettes, mais pour le reste, rien à voir. Ce sont les automates de leurs préjugés et de leur soit - disant culture en lettres classiques. Des vieux arbres qui bougent, tout au plus. Mais question cœur… -Tiens, tiens ? Voyons s’ils te sont si différents. Te crois-tu parfait ? -Non, bien sûr - A la bonne heure ! c’est déjà un point commun. Crois tu que je puisses t’aider à être meilleur, si tu veux bien ? -Quelle blague ! C’est pour ça que je suis là. -Et que sais-tu de leur désir de progresser, malgré ce que tu appelles leur fierté ? Tu sais, certes ils ont des défauts, certes ils se trompent sur bien des points, mais… ils ont le même sentiment d’imperfection que toi, même si c’est différemment. Et (peut-être plus maladroitement que toi, mais ne comparons pas), ils me demandent de les aider aussi. Continuons. Crois tu que je t’aime ? -Ah, ça, oui, Seigneur, et même plus que ça ! Et c’est bien ce qui m’émerveille : que Tu m’aimes tel que je suis , et que ta justice n’a rien à voir avec la mienne… -Et trouverais-tu juste que je ne les aime pas eux aussi tels qu’ils sont ? -eh bien... Non, toi tu es Dieu -Ah...Et toi, m’aimes-tu ? - Tu le sais, Seigneur, tu sais tout. Tu sais bien que je t’aime. - Alors si tu m’aimes en retour, trouverais-tu logique de ne pas les regarder un peu comme moi, au moins d’essayer , habiller ton regard de ma justice ? -Eh ! bien…non, bien sûr. Seigneur… Maintenant je crois que je distingue un peu mieux. Oui, je distingue nettement mieux… -Alors ne rentre pas à nouveau dans ces mondanités de village où les opinions à l’emporte-pièce tordent tout. Reste fidèle aux tiens, mais sans hurler avec les loups, même à partir de faits avérés. Va, et ne pèche plus par ton regard. » DP
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