Vendredi 20 mars 2009 Mc 12.28b-34
Un scribe s’avança vers Jésus et lui demanda « Quel est le premier de tous les commandements ? » Jésus lui fit cette réponse : « voici le premier : Ecoute, Israël : le Seigneur ton Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Voici le second : tu aimerais ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux là ». Le scribe reprit : « Fort bien Maître, tu as raison de dire que Dieu est l’Unique et qu’il n’y en a pas d’autre que lui. L’aimer de tout son cœur, de toute son intelligence, de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même vaut mieux que toutes les offrandes et tous les sacrifices. » Jésus, voyant qu’il avait fait une remarque judicieuse, lui dit : « Tu n’es pas loin du Royaume de Dieu . » Et personne n’osait plus l’interroger.
Pourquoi ces deux commandements (Dt 6.4 et Lv19.18) sont-ils inséparables ? Il ya des réponses évidentes : on ne peut aimer Dieu sans aimer son prochain, ce que la 1ère lettre de St Jean nous rappelle (1Jn4.20). L’amour de Dieu ne peut même se traduire et se vivre que dans l’amour de ceux qui nous entourent, qui sont ces passerelles qui sanctifient jusqu’à notre oraison lui donnent du poids. Mais il y a plus. Je ne peux aimer l’autre que si je me sais aimé de Dieu. Il y a comme une suite logique dont on peine à renverser le sens (bien que ce soit tout à fait possible) : Si je ne me découvre pas aimé de Dieu, j’aurais des difficultés à L’aimer vraiment. Si je me suis découvert ainsi dans sa tendresse, de toute éternité, je pénètre dans cet infini qui me dépasse et me fait participer à cette dimension hors du temps, ce qui donne du poids à l’amour « sentiment ».Je me rends compte aussi que je suis aimé tel que je suis, avec mes défauts, mes limites, et espéré au delà de ces entraves qui sont les miennes. Je ne peux plus regarder les autres avec des yeux qui jugent, mais seulement dans ce regard qui espère au delà des petitesses qui semblent le retenir. Je peux commencer à être libre de ses propres limites pour l’attendre plus loin, comme Dieu a fait avec moi.
Et c’est là, au bout de cette suite logique, que l’on comprend que pour Dieu, l’amour et la foi sont une seule et même chose, que l’on s’adresse à lui ou à nos semblables. Car regarder l’autre avec amour, si c’est voir en lui plus qu’il n’est à cet instant, si c’est pouvoir l’accepter tel qu’il est sans lui demander de se changer avant de l’aimer, mais en le voyant pourtant immensément grand, alors c’est avoir une foi en lui à reverser les montagnes qui lui barrent la route ! Les personnes qui m’ont le plus aidé à grandir ne sont pas celles qui m’ont prodigué le plus de caresses, mais celles qui m’ont témoigné leur confiance lors même que je n’en disposais plus pour moi-même.
C’est ainsi que Dieu nous aime : avec une foi infinie. Didier Rimaud chantait
« Pour que l’homme soit un Fils à son image
Dieu l’a travaillé au souffle de l’Esprit
Lorsque nous n’avions ni forme ni visage
Son amour nous voyait libres comme lui »
Et St Jean, toujours dans sa première lettre, (1Jn3.2) nous révèle le projet ultime de Dieu, nous dit à quel point Dieu a foi en nous, ce que St Irénée de Lyon reprendra dans une phrase « incroyable » : « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne dieu ».
DP
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