Cendres 2009 2 Co 5,20
« Frères, nous sommes les ambassadeurs du Christ et par nous c’est Dieu lui-même qui, en fait, vous adresse un appel. Au nom du Christ, nous vous le demandons, laissez vous réconcilier avec Dieu »
Cela peut sembler étrange, mais le carême a toujours exercé un immense pouvoir d’attraction sur moi. C’est le temps des consignes sans consignes, celui de la vérité de chacun face aux injonctions rituelles, celui du deal avec Dieu et d’une carte personnelle à jouer. « Allez Dieu, laisses toi convaincre, je suis d’accord pour te donner 6 desserts, cinquante marches d’escaliers plutôt que les ascenseurs, 2h de travail par jours, une heure de gym quoi qu’il arrive, la parole en premier à ceux que je n’aime pas, le silence du rien en quarante fois une, deux, trois…quarante minutes, le voyage que je ne voulais pas….allez, aide-moi, j’en suis cap et je t’attend ! » Rien que de l’imprévu, du non dicible tellement ça pourrait sembler bébête, du jeu avec les poussières de mes peurs perso, mais du fort en toi, devant toi. C’est là que je t’ai rencontré, que je me suis laissée apprivoiser, que nous sommes devenus amis, que cette mort absurde de ton histoire humaine peu à peu m’a parlé, que la consigne des générations d’avant et de l’éducation partagée est devenue mienne et tienne.
J’aime ce temps où affronter le désert, où je négocie avec toi et rencontre le diviseur mais toi aussi là, attentif…Jamais autant que dans le carême je ne sens que je suis unique face à toi. Seule à pouvoir discerner ce que ma vie peut apporter à ton œuvre de création et à ceux qui habitent le quotidien de mes rencontres. Cela tient du combat comme de l’évidente reconnaissance de ma fragilité. Je te défie de mes soigneux efforts et tu me souris du loin de ton absence … « Dieu, c’est toi mon Dieu. Mon âme à soif de toi. Dés le matin je te cherche… ». Je repars exsangue et te rencontre là où je ne te cherchais pas. Le carême est le temps d’un amour qui s’arme et qui désarme. Te rencontrer dans ce mystère de l’inadmissible et lumineuse Pâque m’a tant réconciliée que je ne puis qu’ y inviter à mon tour. Allez viens, laisse-toi réconcilier avec Dieu…
G.P.
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