Mercredi 1er avril 2009 Mt 20.17-28
Au moment de monter à Jérusalem, Jésus prit à part les Douze, et, pendant la route, il leur dit : « voici que nous montons à Jérusalem. Le Fils de l’homme sera livré aux chefs des prêtres et aux scribes, ils le condamneront à mort et le livreront aux païens pour qu’il se moquent de Lui, le flagellent et le crucifient, et , le troisième jour, il ressuscitera. » Alors, la mère de Jacques et de jean, Fils de Zébédée, s’approcha de Jésus avec ses Fils et se prosterna pour lui faire une demande. Jésus lui dit : « Que veux-tu ? » Elle répondit : « Voilà mes deux fils : ordonne qu’ils siègent, l’un à ta droite, et l’autre à ta gauche, dans ton Royaume. » Jésus répondit : Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire à la coupe que je vais boire ? » Ils lui dirent : « Nous le pouvons. » Il leur dit : « Ma coupe, vous y boirez ; quant à siéger à ma droite et à ma gauche, il ne m’appartient pas de l’accorder ; il y a ceux pour qui ces places sont préparées par mon Père. » Les dix autres avaient entendu, et s’indignèrent contre les deux frères. Jésus les appela et leur dit : « Vous le savez : les chefs des nations païennes commandent en maîtres, et les grands font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi : celui qui veut devenir grand sera votre serviteur ; et celui qui veut être le premier sera votre esclave. Ainsi, le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude. »
Quelle distance apparente entre l’annonce de la passion du Christ, et la demande de cette mère possessive et envahissante. Mais si l’on y regarde de près, cette demande correspond à ce pourquoi le Christ est venu, à son projet pour chacun de nous. Dieu espère nous avoir chacun à sa droite et à sa gauche, tout près. Et si la réponse du Christ semble remettre tout cela dans les mains du Père, il me semble que c’est plus subtil que ça. Car ce qu’il remet au Père, c’est notre élan pour rejoindre cette place. « nul ne peut venir au Père sans passer par moi » prend ici tout son sens, si l’on comprend cette phrase comme une prière, mais on sait bien que la prière du Christ s’adresse tout autant au Père qu’à l’homme : « pouvez-vous boire ? »
La réponse du Christ n’est donc nullement une esquive, mais un appel à discerner ce qui nous permettra, chacun à notre manière, de nous approcher au plus près de Celui qui nous y attend. Comme si la place qui nous est préparée l’était en partie par nous-mêmes, par notre espérance et notre désir de nous oublier et de servir plus que par celui d’y arriver. Autrement dit, on ne devient pas saint en le voulant, si cela nous pousse à mesurer les efforts que nous avons produits. On devient saint sans le savoir, en courant de toutes nos forces vers Celui qui nous appelle, mais pas n’importe comment : en nous oubliant pour ne regarder que ceux que nous prenons avec nous dans notre pousse-pousse pour les entraîner dans notre course, en leur servant de « porte voix » par la prière, en leur servant de béquilles lorsqu’ils ne peuvent plus avancer, en leur servant de frères ou de sœur pour leur prodiguer la tendresse que le seul Saint voudrait tant leur donner. On ne devient pas saint tout seul. « Lorsque je serai élevé de terre, j’attirerai tout à moi » est aussi un geste que Dieu voudrait nous voir faire, que son espérance attend de nous.
De ce point de vue, les deux voisins du Christ en croix n’étaient pas exactement ceux que l’on attendait… Mais ils nous ressemblent tant ! D’ailleurs, l’un d’eux posera une question sur l’avènement du Royaume, et sera exaucé aussitôt.
DP
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