Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (28.1-10)
Après le sabbat, à l'heure où commençait le premier jour de la semaine, Marie Madeleine et l'autre Marie vinrent faire leur visite au tombeau de Jésus. Et voilà qu'il y eut un grand tremblement de terre ; l'ange du Seigneur descendit du ciel, vint rouler la pierre et s'assit dessus. Il avait l'aspect de l'éclair et son vêtement était blanc comme la neige.
Les gardes, dans la crainte qu'ils éprouvèrent, furent bouleversés, et devinrent comme morts. Or l'ange, s'adressant aux femmes, leur dit : « Vous, soyez sans crainte ! Je sais que vous cherchez Jésus le Crucifié. Il n'est pas ici, car il est ressuscité, comme il l'avait dit. Venez voir l'endroit où il reposait. Puis, vite, allez dire à ses disciples : 'Il est ressuscité d'entre les morts ; il vous précède en Galilée : là, vous le verrez !' Voilà ce que j'avais à vous dire. »
Vite, elles quittèrent le tombeau, tremblantes et toutes joyeuses, et elles coururent porter la nouvelle aux disciples. Et voici que Jésus vint à leur rencontre et leur dit : « Je vous salue. » Elles s'approchèrent et, lui saisissant les pieds, elles se prosternèrent devant lui. Alors Jésus leur dit : « Soyez sans crainte, allez annoncer à mes frères qu'ils doivent se rendre en Galilée : c'est là qu'ils me verront. »
« Je vous salue », « soyez sans crainte ». Après l’annonciation en Luc, les mêmes mots sont repris ici, non pas à une seule personne mais à toutes celles qui sont venues voir l’endroit où Jésus « reposait ». Les mêmes mots nous sont donc adressés. Une salutation d’un respect infini de la part de Celui que nous voudrions honorer, et qui en réalité continue à se mettre à notre hauteur… A hauteur des pieds ! Il n’y a dans ce geste des femmes, au départ, qu’une vénération craintive, que le désir de se mettre plus bas que terre devant ce qui les dépasse. Et Jésus les invite « plus haut » comme le convive du repas de noces (Lc14.10). Ou plutôt, cette hauteur des pieds, c’est Lui qui s’y met. Il avait relevé la pécheresse qui pleurait sur ses pieds, il avait indiqué combien le geste de l’onction de Béthanie était juste, il avait lavé les pieds de ses disciples, et là, il se laisse saisir.
Saisir. En français, c’est bien plus qu’ « attraper ». C’est aussi « comprendre ». Les femmes ne comprennent rien avec leur intelligence, comme nous d’ailleurs, même s’il faut que nous déployions des trésors de méditation pour approcher de la Vérité, et nous savons que jamais nous ne la saisirons entière. Mais en saisir le pied, le fondement, n’est-ce pas déjà plus que nous ne pouvons en espérer ?
Ce fondement c’est « soyez sans crainte ». Suis-je trop de la génération JP2 ? Je ne sais. Ce que je sais, c’est qu’avec le Christ, c’est le pied !
Paul renversera l’expression, lui qui s’avouera « saisi par le Christ ». Saisir, être saisi… Non pas de stupeur, mais d’amour. Non pas saisir pour posséder, mais pour comprendre et s’offrir. Alors, oui, c’est bien le geste de deux amoureux qui l’enlacent, et dans ce geste donneront la vie.
Me laisser saisir pour donner la vie autour de moi, n’est-ce pas le premier fruit de la résurrection ?
Denis
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