Dt 30, 15-20
Moïse disait au peuple d'Israël : « Je te propose aujourd'hui de choisir ou bien la vie et le bonheur, ou bien la mort et le malheur. Écoute les commandements que je te donne aujourd'hui : aimer le Seigneur ton Dieu, marcher dans ses chemins, garder ses ordres, ses commandements et ses décrets. Alors, tu vivras et te multiplieras ; le Seigneur ton Dieu te bénira dans le pays dont tu vas prendre possession. Mais si tu détournes ton cœur, si tu n'obéis pas, si tu te laisses entraîner à te prosterner devant d'autres dieux et à les servir, je te le déclare aujourd'hui : certainement vous périrez, vous ne vivrez pas de longs jours sur la terre dont vous allez prendre possession quand vous aurez traversé le Jourdain. Je prends aujourd'hui à témoin contre toi le ciel et la terre : je te propose de choisir entre la vie et la mort, entre la bénédiction et la malédiction. Choisis donc la vie, pour que vous viviez, toi et ta descendance, en aimant le Seigneur ton Dieu, en écoutant sa voix, en vous attachant à lui ; c'est là que se trouve la vie, une longue vie sur la terre que le Seigneur a juré de donner à tes pères, Abraham, Isaac et Jacob. »
Voilà la prière de Dieu « Je t’en prie, choisis la vie ». Dieu implore l’homme car Il a trop peur d’en perdre un seul. Etonnant renversement. Nous sommes à un nœud de l’histoire d’Israël dont Il connaît tout l’enjeu. Voilà le peuple hébreu à la porte du pays de Canaan, ses derniers instants de nomade, en vue de la terre promise. Demain, on traverse le Jourdain.
Le premier dieu auquel nous sacrifions en tant que sédentaire, et dont le denier du culte est assez lourd, c’est notre confort. D’autant que la prosternation est facile, ne demande aucun exercice de souplesse : il suffit de s’allonger. « Dormez, je le veux » est bien une parole du Diviseur. Et nous nous réveillons avec la gueule de bois : vides et sans aucun dynamisme… la vie nous a quittés.
Ne pas suivre d’autres idoles (argent, pouvoir, gloire, sexe ou drogue…) n’est pas plus facile, quelque soit notre manque d’estime de soi, notre faiblesse ou notre pauvreté, car c’est une tendance, une « orientation ». « Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur ». Plonger son cœur dans un désir à courte vue, c’est l’engager dans une impasse. Le désert, lui, semblait infini. Cette traversée du désert pendant 40 ans était une pédagogie de cet infini de Dieu, l’homme y était conduit à sa dimension cosmique : le ciel étoilé, la nuit, dit si bien la promesse de l’Eternité, à l’opposé du plafond de nos cabanes de sédentaires…
Le Carême n’a pas d’autre ambition. Nous faire entrer dans un autre « chez-nous », celui où Dieu se tient, où il pourra continuer à nous parler « cœur à cœur », comme à Osée, comme au désert où nous n’avions que Lui comme appui dans un monde hostile. « Cœur à cœur » déchirant le voile des habitudes prises, de l’ennui, de la répétition, afin d’y faire naître toujours un « nouveau » qui nous fasse vivre vraiment, qui nous invite dans la contemplation d ‘un paysage toujours inconnu. Un chez-nous aux dimensions de l’univers !
Oui, Dieu a pour nous une ambition démesurée ! Voir l’homme « libre comme Lui ». Mais la démesure de Dieu n’est-elle pas plus raisonnable que nos dimensions millimétrées ? C’est une question de vie ou de mort, parce que la vie, la vraie, ne commence qu’en découvrant qu’elle possède l’Eternité !
Denis
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