Par Patrick Vincienne, laïc op
Que ce soit en raison des inondations, de la sécheresse, des cyclones, de l’érosion des sols, de plus en plus de personnes dans le mondesont contraintes de quitter leur domicile pour des raisons climatiques. Si ce phénomène a toujours existé, il est préoccupant de constater aujourd’hui qu’il s’accélère en raison des transformations climatiques liées à l’activité humaine. On estime ainsi qu’à l’horizon 2050, ce sont 200 millions de personnes qui seront contraintes de quitter, chaque année, leur lieu d’habitation pour des raisons climatiques.
L’alerte sur le climat débute par l’expression d’une inquiétude. En 1968, le rapport du Club de Rome* « Halte à la croissance » pointe du doigt les limites infranchissables auxquelles l’humanité est confrontée, ce qui devrait la conduire à changer ses habitudes en profondeur. Cette révélation suscite une vague de réflexions. En 1987, rédigé à la demande de l’ONU, le rapport Brundtland « Notre avenir à tous » confirme et propose d’emprunter résolument la voie d’un «développement durable* ».
Dès lors, on sait l’impossibilité de satisfaire à la fois la croissance démographique (7,3 milliards aujourd’hui, un doublement depuis 1970) et une croissance économique telle qu’elle a été conduite jusqu’à ce jour, dopée par une soif de richesse sans esprit de partage, exploitant à outrance les ressources naturelles, provoquant des inégalités sociales croissantes et une pollution envahissante. Tout particulièrement préoccupante est la production de GES*, ces composants relâchés dans l’atmosphère par la combustion des énergies fossiles. En 1988, L’ONU donne mandat au GIEC* d’étudier de près les réactions du climat, leur impact, et de proposer des solutions.
Le signal du changement est lancé à Rio en 1992. L’humanité comprend qu’elle porte atteinte à son habitat et que ses propres œuvres la mettent en danger. C’est la prise de conscience que l’activité humaine, engagée depuis 250 ans sur un rythme effréné, est à l’origine de la modification des équilibres de notre planète dont les temps géologiques conserveront la trace visible. Il faut agir et il est bien tard pour s’y mettre. En effet, les causes accumulées et l’énorme inertie des effets nous garantissent déjà un accroissement de 2°C de la température moyenne de la Terre en 2100.
De plus, la situation empire chaque année et, si rien n’est fait pour infléchir les trajectoires, nous pourrions atteindre +5°C (un écart comparable nous sépare de l’ère glaciaire), entrainant un dérèglement irréversible aux conséquences incalculables :
Réchauffement et précipitations plus marqués dans les zones tropicales, modification des courants marins, régression des glaciers et des glaces marines, fonte du pergélisol*, élévation du niveau des mers affectant 100 millions de personnes vivant dans les deltas, et des centaines de zones urbaines littorales inondées, accroissement en fréquence, durée et intensité des phénomènes extrêmes (canicules, inondations, sécheresses, cyclones …) et des situations catastrophiques associées, impact négatif sur les rendements agricoles, accroissement des causes de conflits, aggravation des risques sanitaires, de la malnutrition, déplacement des espèces animales et végétales et de populations humaines par centaines de millions. …
Ce tableau chaotique parait non maitrisable aux climatologues, car il dépasse la capacité de réponse des systèmes naturels et humains. Dans ces conditions, après des réunions décevantes sur le climat (Copenhague, Doha et, tout récemment, Lima), la Conférence de Paris en décembre 2015 sur le changement climatique suscite une attente immense.
Ref :
- Club de Rome : Groupe de scientifiques, d’économistes et d’industriels de 53 pays.
- Développement durable : « un développement qui réponde à nos besoins présents sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ».
- GES : Gaz à Effets de Serre : gaz carbonique, méthane, etc.
- GIEC : Groupe Intergouvernemental d’Experts sur l’Evolution du Climat, 2.500 scientifiques de 130 pays.
- Pergélisol : sol gelé en permanence, couvrant 1/5ème de la surface terrestre (Groenland, Alaska, Canada, Russie), susceptible de dégager du méthane lors de son réchauffement.
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