Laïcs et Dominicains

Refuser la misère

Eugen Brand sur la campagne 2007

Le père Joseph Wresinski (1917-1988) a consacré toute sa vie à combattre l’extrême pauvreté, complétant par son action celle de l’abbé Pierre. Avec Geneviève Anthonioz de Gaulle qui a engagé un long combat à ses côtés, il est à l’origine des grandes lois de lutte contre l’exclusion dans les domaines de l'emploi, du logement et de la santé. Il crée le néologisme « Quart Monde » pour exprimer l’inacceptable et fonde le mouvement ATD Quart Monde. Le 17 octobre 1987, il prend l’initiative de la première Journée mondiale du refus de la misère, officiellement reconnue par les Nations Unies.

20 ans ont passé. La journée de mercredi 17 octobre 12007 sera consacrée à cette cause. Quel est aujourd’hui l’objectif de cette campagne mondiale ?

Les ravages de la misère et de l’exclusion sont de plus en plus violents et destructeurs sur terre, alors que le progrès des techniques et l’augmentation des richesses donnent aux hommes les moyens d’y faire face.

Agir sur le plan économique ne suffit pas. On voit bien que la seule régulation du monde par les pouvoirs d’argent creuse les écarts entre certains qui ont trop de tout et d’autres qui n’ont absolument rien. Il faut plus de partage !

Agir sur le terrain des droits de l’homme est indispensable, car tant que certains seront condamnés à vivre dans la grande pauvreté, leurs droits humains seront bafoués. Il faut plus de justice ! Mais partage et justice n’atteindront pas leur but si les actions entreprises ne sont pas fondées sur la rencontre durable entre ceux qui vivent la misère et l’exclusion, et ceux qui veulent agir avec eux. On ne peut pas agir « pour » eux, il faut agir « avec » eux, et pour cela il faut se parler et se rencontrer !

Déjà à travers le monde beaucoup d’hommes, de femmes, de jeunes, d’enfants, pauvres et non pauvres ont compris cela et se sont mis en marche.

Ils forment un courant de personnes qui se rencontrent pour agir ensemble et pour s’encourager : là où ces rencontres durent, elles produisent une intelligence nouvelle, capable d’éclairer en profondeur la lutte pour un monde sans misère, de questionner nos idéaux, de fortifier les responsabilités de chacun, d’alimenter la réflexion de nos responsables politiques et de susciter de nouveaux engagements communs dans un monde en profonde mutation. Ces rencontres produisent du neuf !

La campagne mondiale « Refuser la misère, un chemin vers la paix » consiste à faire connaître ce courant de rencontres et à en grossir les rangs. Il y a là une chance à saisir pour transformer nos sociétés par cet apport d’expériences et de pensées nouvelles, et contribuer à l’avènement d’un monde où les êtres humains seront libres de parler et de croire, libérés de la terreur et de la misère.

Vous pouvez prendre connaissance de cette campagne sur www.oct17.org/fr, parcourir ce site, le faire connaître autour de vous et, dans la mesure de vos moyens, participer aux initiatives prises dans vos régions.

Sur ce site est proposée une déclaration de solidarité. Vous pouvez la signer en ligne, ou encore la signer à partir du document joint à ce message, puis la renvoyer à ATD Quart Monde.

Signature : Patrick Vincienne, représentant les laïcs dominicains pour Justice et Paix.

Anniversaires

• 100 ans de scoutisme

Lord Baden-Powell perçoit que les jeunes peuvent s’éduquer eux-mêmes, à travers leurs jeux et leurs relations, mais le monde industriel et urbain ne leur permet pas de se développer. Il décide alors d’expérimenter le premier camp scout dans la nature, en Angleterre en août 1907. Par le scoutisme, les jeunes d’aujourd’hui et de demain sont des acteurs de notre société ... et notamment des acteurs de paix. Ouvert à tous et fondé sur l’amitié et la confiance, le scoutisme est un véritable lieu de vie où chacun est responsable de lui-même, des autres et de la vie ensemble, il encourage l’engagement personnel, la rencontre de l’autre, le respect de l’environnement et l’esprit de paix dans la diversité des cultures.

• 50 ans de paix en Europe : le traité de Rome a été signé le 25 mars 1957

Nous voulons rendre grâce pour l'audace et l'intuition de ceux qui, après la seconde guerre mondiale, ont engagé une difficile démarche de réconciliation qui porte des fruits jusqu'à aujourd'hui. Sans eux, et sans les efforts de nombreux fonctionnaires européens compétents et de bonne volonté, l'Europe occidentale n'aurait sans doute pas connu une aussi longue période de paix et de prospérité. Leurs efforts incessants en faveur d'une dynamique permanente de concertation et de rencontre ont permis de redécouvrir la richesse d'une unité entre les pays occidentaux et orientaux de notre continent. Nous avons la conviction que l'option d'approfondir l'unité européenne est bonne, car elle rejoint le message chrétien. Des tensions subsistent, entre recherche de paix par la solidarité et priorité donnée au libre échange, entre priorité nationale et recherche du bien commun européen, entre solidarité avec les pays en développement et préservation de ll'énorme richesse du continent. Cependant, ces tensions n'affectent pas notre espérance.

signature : Les frères du couvent international de Bruxelles

• Il y a 40 ans, Populorum Progressio … Justice et Paix

Dans le sillage de Vatican, l'encyclique Populorum Progressio (L'essor des peuples, 1967), inspirée à Paul VI par ses dialogues avec le Louis-Joseph Lebret op, invitait les chrétiens à s'impliquer dans le développement solidaire et alertait tous les croyants sur les nouveaux enjeux du monde, les dangers de la misère à l'échelle planétaire, et la solidarité entre tous les humains. 40 ans après, l'appel est tout aussi urgent. La nouvelle donne de la mondialisation a transformé le paysage mais dans un grand nombre de régions, la situation des plus pauvres ne s'est pas améliorée. Des centaines de millions sont encore sous-alimentés et dans une situation d'infra-humanité. il nous faut nous remobiliser et participer avec d'autres hommes et femmes de bonne volonté à la recherche d'un autre monde, plus juste, où chacun peut, solidaire avec les autres, espérer une vie meilleure. Car la pauvreté n'est pas inéluctable.

signature : D’après Jean-Claude Lavigne, op.

Laïcs dominicains pour la justice et la paix

Il y a 40 ans, la recherche de la justice et de la paix a été désignée par le pape Paul VI comme une urgence de nos sociétés modernes. L’Ordre des Prêcheurs, qui partage cette analyse, en a fait une orientation prioritaire. Le chemin de la justice et de la paix se parcourt dans l’amour et la vérité. Lorsqu’une personne est en difficulté, « en pauvreté », lorsque sa dignité est blessée, la justice bafouée, aucun chrétien ne peut rester indifférent. Le seul fait de pouvoir aider ou nuire à une personne nous confère une responsabilité à son égard, que ce soit dans nos activités professionnelles ou notre vie de citoyen.

La connaissance nous responsabilise et nous sensibilise : nous sommes à demeurer curieux de tout ce qui nous informe et nous éclaire sur la vie de notre monde. L’information est devenue abondante, les sujets d’actualité, les événements locaux sont mieux connus et sont autant d’occasions d’ouvrir les yeux. Nous en sommes devenus plus responsables.

Le souci des êtres humains, de leur dignité et de la justice à leur égard peuvent nous entraîner vers des actions et des partages qui ne devraient pas être à sens unique. Les situations pacifiantes sont en effet fondées sur une relation de vérité et de transparence, sur un principe de partage, voire de réconciliation. Ainsi, un chèque ne satisfait pas toujours à ces critères, alors qu’une main tendue, un courrier, un sourire y participent. Ils sont une implication d’une autre nature. Rappelons nous le bon samaritain