À la croisée de la liturgie et de l’hagiographie, les lectures des matines retenues pour les fêtes des saints sont à la fois reflet et vecteur d’une image de la sainteté. L’exemple dominicain mérite d’autant plus de retenir l’attention que l’ordre des Prêcheurs, né pour répondre aux aspirations nouvelles d’un monde en pleine mutation, s’est voulu médiateur des grâces reçues, jusque dans le domaine d’une sainteté proposée en modèle de vie.
Accordant à la liturgie une place centrale dans leur vie religieuse, les Prêcheurs attachèrent une grande importance à son unification. Accomplie en 1254-1256, sous la direction du cinquième maître de l’ordre, Humbert de Romans, celle-ci fut aussitôt fixée dans les quatorze livres de la liturgie dominicaine, dont le lectionnaire de l’office et son sanctoral.
Le manuscrit apographe de ces textes, dit le « Prototype », est parvenu indemne jusqu’à nous : il est aujourd’hui conservé aux Archives générales de l’ordre, au couvent Sainte-Sabine de Rome, sous la cote XIV L 1. L’édition et l’étude du sanctoral appellent l’attention, non seulement des liturgistes, mais plus largement des historiens des savoirs médiévaux, sur la technique des citations et de l’emploi des sources ainsi que sur l’originalité dans la composition même du lectionnaire – étonnante pour le XIIIe siècle.
Références : Urfels-Capot (Anne-Élisabeth), Le sanctoral de l'office dominicain (1254-1256), Paris, 2007, 816 pp., (coll. Mémoires et documents de l’Ecoles des Chartes n°84) 55 €
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