Vendredi 25 juillet 2008 Mt 20.20-28
La mère de Jacques et de Jean, fils de Zébédée, s’approcha de Jésus avec ses fils et se prosterna pour lui faire une demande. Jésus lui dit : « que veux-tu ? » Elle répondit : « voilà mes deux fils : ordonne qu’ils siègent, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ton royaume. » Jésus répondit : « vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire à la coupe que je vais boire ? » Ils lui dirent : « nous le pouvons. » Il leur dit : « Ma coupe, vous y boirez ; quant à siéger à ma droite ou à ma gauche, il ne m’appartient pas de l’accorder ; il y a ceux pour qui ces places sont préparées par mon Père. » Les dix autres avaient entendu, et s’indignèrent contre les deux frères. Jésus les appela et leur dit : « Vous le savez : les chefs des nations païennes commandent en maître, et les grands font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi : celui qui veut devenir grand, sera votre serviteur ; et celui qui veut être le premier sera votre esclave. Ainsi, le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et pour donner sa vie en rançon pour la multitude. »
Avouons-le, cédant à la mode des sondages dans nos communautés chrétiennes, chacun de nous réagirait aujourd’hui comme les dix apôtres, indignés de l’ambition « jeu de coude » de Jacques et de Jean. Nous avons la grille de lecture donnée par le Christ un peu plus loin, nous avons le discours du lavement des pieds en Jn 14 : ces deux-là n’ont rien compris.
Et pensant cela, c’est nous qui montrons nos limites à comprendre l’attitude que Jésus nous demande. Nous sommes toujours prompts à juger, rabattre, « casser », comme diraient les jeunes, alors que Lui ne les rabroue pas. Il ne considère pas leur demande stupide ou « contraire au Royaume ». Il leur dit seulement qu’Il ne peut, Lui, y répondre, car Il est… au service. Dans sa bouche l’esclave est avant tout celui qui ne s’appartient plus, tout donné au projet du Père.
Et là, tout se renverse, car la question posée « pouvez vous boire à la coupe que je vais boire ? » prend tout son sens. Jésus y réoriente Jacques et Jean, comme il ferait avec nous pour nous dire « regarde un peu plus loin ». Et Jacques et Jean vont accepter cette réorientation et devenir serviteurs, l’un en étant un des premiers martyrs (Ac12.2), l’autre en étant à l’origine d’un des plus beaux livres de toute l’Ecriture. Chacun aura donné ce qu’il a de meilleur « au service » du Royaume. En fonction de ce qu’il est, chacun aura accompli sa « vocation ».
La pédagogie du Christ, la voilà. C’est permettre à chacun qui « s’approche de Lui » de voler au delà de ce qu’il aurait jamais osé espérer. Dès lors, la question de Jésus « pouvez-vous boire… » résonne comme un encouragement qui attend notre acquiescement à cette mission de service : « acceptez-vous de boire…. », sur ce qui devient une promesse « vous y boirez »
Un peu comme Jacques et Jean, ou Pierre au jeudi saint, nous nous engagerons parfois sans mesurer nos forces, mais notre désir est la seule chose que Jésus attend, pour s’ajuster à notre « oui » et lui offrir la grâce. Et nous voilà, surpris de cet appel, lampes tout étonnées de porter sa lumière, et d’être comblés des grâces nécessaires pour y répondre malgré nos limites. Surpris de son accompagnement où, au delà de nos manquements et échecs parfois répétés, Il nous appelle toujours plus loin, avec cette intarissable miséricorde, sur ce chemin de bonheur et d’action de grâce. Le chemin de la promesse… Le chemin du serviteur.
Denis
Tags : Serviteur,Jacques, Jean, Vocation, chemin, pédagogie, sondage
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