Dimanche 10 Août 2008 Ro 9.1-5
« Frères, j’affirme ceci dans le Christ, car c’est la vérité, je ne mens pas, et ma conscience m’en rend témoignage dans l’Esprit Saint. J’ai dans le cœur une grande tristesse, une douleur incessante. Pour les Juifs, mes frères de race, je souhaiterais même être maudit, séparé du Christ : ils sont en effet les fils d’Israël, ayant pour eux l’adoption, la gloire, les alliances, la Loi, le culte, les promesses de Dieu. Ils ont les patriarches, et c’est de leur race que le Christ est né, Lui qui est au dessus de tout, Dieu béni éternellement. Amen. »
Voilà qui nous dit bien que la religion n’est pas l’opium du peuple, puisque cela donne des souffrances au lieu d’en enlever. Avoir reçu un sens à sa vie, au lieu de nous anesthésier, nous rend sensible à la souffrance de tous ceux qui n’ont pas eu cette grâce. Et cette souffrance est en nous doublée de la conscience que notre Dieu en souffre aussi. Cette souffrance de Paul, nous la partageons, nous qui avons tous dans nos familles, parmi nos proches, des personnes pour qui toute religion est une « béquille », pour qui Dieu est un mauvais marionnettiste qui, si l’existait, arrêterait les guerres, et j’en passe, toutes ces personnes dont le discours dit bien la soif en même temps que le désespoir.
Nous avons tous tenté de dire, de témoigner par notre vie, notre joie, de ce Dieu qui est la Vie, et première victime du mal dont on l’accuse. Sans succès, car c’est leur liberté. Mais ce sont nos proches, et nous préférerions parfois échanger un peu de leur éloignement du Christ pour un éclair de la lucidité de notre foi, un éclair qui les retournerait, comme St Paul fut retourné sur le chemin de Damas. Ce sont nos proches, ceux de notre sang, ceux qui ont comme nous reçu, pour beaucoup, l’héritage, la promesse de l’adoption, en recevant un enseignement catéchétique, en participant au culte avec nous. Splendeurs qu’ils ont balayé comme poussière… Et l’on ne peut leur en vouloir, nous qui savons bien le prix de la Rencontre, inexplicable, intraduisible, qui seule fonde notre être et notre résurrection.
Ici, celui qui a dit au Galates « Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ en moi » (Ga 2.20), qui vient de dire avant ce passage « rien ne pourra nous séparer de l’Amour du Christ » (Ro 8.39), Paul sait bien que ce souhait d’être séparé du Christ n’a pas de sens. Mais à travers cette phrase coup de poing, il dit sa souffrance. Il dit la nôtre. Ce passage est un cri, c’est notre cri devant tous ceux qui ne partagent pas cette Espérance qui nous refonde, ce sont les larmes de St Dominique qui se demandait ce que deviendraient les pécheurs…
Ce sont les larmes du Christ pleurant sur Jérusalem depuis la montagne qui lui fait face (Mt 23.37)
C’est dans ces larmes que nous sommes « crucifiés avec le Christ ».
C’est dans ces larmes que nous vivons notre communion avec Lui,
C’est par ces larmes transfigurées qu’ « avec Lui, nous vivrons ».
Denis
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