Mardi 7 octobre 2008 Lc01.26,38
L’Ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une jeune fille, une vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie. L’ange entra chez elle et dit : « Je te salue, Comblée de grâce, le Seigneur est avec toi ». A cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. L’ange lui dit alors : sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils : tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand. Il sera appelé Fils du Très Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il règnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin ». Marie dit à l’ange « comment cela va-t-il se faire, puisque je suis vierge ? » L’ange lui répondit : « l’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du très haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi l’enfant qui va naître sera sait, et il sera appelé Fils de Dieu. Et voici qu’Elisabeth, ta cousine, a conçu, elle aussi, un fils dans sa vieillesse, et elle en est à son sixième mois, elle qu’on appelait « la femme stérile ». Car rien n’est impossible à Dieu. » Marie dit alors » Voici la servante du Seigneur, que tout se passe pour moi selon ta parole . » Alors l’ange la quitta.
On a l’habitude de présenter Marie comme l’ « élue » parmi les élus. Et c’est vrai qu’elle a une place toute particulière. Mais s’arrêter là met Marie à distance, comme quelqu’un d’intouchable, inoxydable : elle nous dépasse infiniment, et d’ailleurs, c’est pour cela qu’elle a vécu l’assomption, alors que pour espérer un truc comme ça, nous pouvons toujours nous brosser. Et du coup, le Magnificat des vêpres est vécu comme un hommage à sa personne, comme on dirait un compliment à quelqu’un d’important et d’inatteignable.
Pourtant, l’Evangile n’est qu’une simplicité et une proximité inouïes. Ce n’est pas pour rien que Marie apparaît à des enfants pauvres et analphabètes. L’incarnation du Christ n’aurait pas de sens si les hommes et les femmes qui ont accompagné le Christ n’étaient pétris de nos faiblesses.
L’Evangile est une aventure intérieure. Lu ainsi, nous y discernons souvent un appel à chaque ligne. Qu’est-ce qui nous empêche, au cœur de nos faiblesses, de dire à notre tour « Voici la servante du Seigneur, que tout se passe pour moi selon ta parole » ? La peur et le qu’en dira-t-on (nous connaissons la suite de l’histoire) ? Ne nous y trompons pas, Marie aussi : elle savait que si elle acceptait (elle n’était pas obligée), elle risquait tout bonnement la lapidation au premier carrefour. Le sentiment de ne pas être à la hauteur ? Voilà une capture de la mission qui nous est confiée, alors que c’est dans l’abandon volontaire qu’il faut la vivre : depuis Moïse, tous les prophètes savent combien ce qu’ils réalisent n’est pas leur œuvre, mais celle d‘un Autre.
L’Evangile est une promesse pour chacun de nous à chaque ligne. Et même si Marie reste unique, nous pouvons prendre pour nous cette annonce qui lui est faite. En disant oui à notre tour, nous donnons à Dieu la permission de faire naître en nous le Fils unique (il n’y en a pas d’autre comme nous) qu’il attend de nous. C’est tout simplement accepter notre vocation au joyeux partage de son Espérance, qui s’appelle la sainteté. St François, St Bruno, St Dominique ont changé le monde. St Machin de l’inconnu aussi, à sa mesure, même si le monde s’arrêtait à l’humble cercle de sa famille.
Alors, le Magnificat devient notre propre prière brûlante d’action de grâce.
Denis
Image: peinture de Domnique Reboux "d'après l'annonciation"
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