Mardi 4 novembre 2008 Ph.2.5-11
Frères, ayez entre vous les dispositions que l’on doit avoir dans le Christ Jésus : Lui qui était ans la condition de Dieu, il n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu ; mais au contraire, il se dépouilla Lui-même en prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement, il s’est abaissé Lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix. C’est pourquoi Dieu L’a élevé qu dessus de tout ; Il lui a conféré le Nom qui surpasse tous les noms, afin qu’au Nom de Jésus, aux cieux, sur terre et dans l’abîme, tout être vivant tombe à genoux, et que toute langue proclame : « Jésus Christ est le Seigneur », pour la gloire de Dieu le Père.
La disposition que l’on doit avoir entre nous prend donc racine dans l’humilité infinie de Dieu. Non que Dieu n’ait pas une bonne opinion de Lui-même (là n’est pas l’humilité), mais Il est la Vérité, et l’humilité, c’est conjuguer la Vérité à la première personne. Lorsque l’on sait qui l’on est, on n’a pas besoin de costume pour se déguiser. Les adeptes de « Second life » sont des insatisfaits qui, au lieu d’affronter leur vérité, préfèrent la virtualité d’un rêve vide et sans issue.
Et St Paul lance ici un cri émerveillé par la contemplation du mystère du Salut, où l’infinie humilité de Dieu vient se mettre au service de l’homme. Car lorsque Jésus dit que le maître « prendra la tenue de service et fera passer à table ses serviteurs », (Lc12-37) il ne parle pas au futur (le temps n’a pas cours pour Dieu) : c’est un présent déjà là, accompli sur la croix afin que l’homme, même le pire des condamnés, sache qui il est, sache qu’il est aimé. Immense annonce au bon larron. Et St Irénée de Lyon ira jusqu’à voir notre divinisation dans cet événement de l’incarnation.
N’allons pas croire que ce faisant, Dieu abandonne ce qu’il est : Il ne sait qu’accomplir. Dieu fait homme, c’est l’accomplissement de Dieu, comme tout amoureux n’est pleinement lui même qu’en rejoignant l’être aimé par tous les moyens.
Le dépouillement est ce Chemin - porte étroite vers cette vérité sur nous-même et la promesse de notre Vie d’Eternité déjà commencée (Jn.14,16), puisque voir l’homme en vérité, c’est voir Dieu, et que « la vie de l’homme, c’est la vision de Dieu » (St Irénée). Dépouillement sans lequel aucune communion avec Dieu n’est possible, comme ôter ses gants pour serrer une main. Ce sera notre douloureux, mais immensément joyeux travail d’enfantement du purgatoire, où tout deuil de ce qui nous encombre sera un accès à la vie[1]. On ne peut aller à Dieu que nu. Refuser ce travail, ce serait nier le sens, sombrer dans l’abîme du non-sens. Mais jusque là bas, la Vérité « Est Celle qui Est », et nous ne pourrons que tomber à genoux.
Le dépouillement est aussi le chemin de liberté pour rejoindre, dans la même disposition de tendresse que le Christ, ceux que la désespérance a enfermés parce qu’ils ne savent pas qui ils sont, et donc quel est le sens de leur vie. Il n’y a que dépouillés que nous pouvons être crédibles en affirmant que notre unique sens, c’est le Christ.
Denis
[1] Le purgatoire n’est pas un examen de passage, mais ce cadeau d’une chance supplémentaire pour accepter ce dont nous aurons été incapables sur terre, sans doute en terme d’abandon de toutes nos fiertés qui sont autant d’écrans à la liberté de l’amour.
je suis très raccord avec ce que tu écris Denis, mais je ne comprends toujours pas cette histoire de purgatoire.
- pourquoi on devrait "attendre" avant de voir Dieu, de se purifier? Encore que ça je peux le comprendre. Mais pourquoi Dieu qui nous dit tous les jours "je vous aime, je suis avec vous, je vous attends dans ma gloire, paf, du moment où l'on meurt..ah non, finalement stop, vous ne pouvez plus passer? " C'est comme avoir passer des plombes à un consulat pour avoir un visa, avoir bataillé pour avoir un billet d'avion, passer les derniers portiques de sécurité et au moment d'embarquer "ah ben non, va falloir attendre un peu plus en salle d'attente". ca vient d'où d'ailleurs cette idée de purgatoire? Jésus en parle même pas!!!!
- admettons que l'on attende au purgatoire, que l'on se purifie, pourquoi est-ce que ça serait douloureux? Ca sort d'où cette histoire de douleur si ce n'est par encore des restes de dolorisme du 19e siècle? Pourquoi "encore" souffrir alros qu'on rencontre Dieu? Et comme précédemment, ça sort d'où cette histoire? Est-ce que Jésus a dit sur la croix "mes cocos, suivez moi, on va mourir, et on va remettre une petite couche de souffrance avant de ressusciter"
Rédigé par : Tellou | 05 novembre 2008 à 13:45
Voir Dieu ne signifie pas que nous nous sentons digne de le rencontrer. C'est le cri de Pierre lorsqu'il comprend qui est le Christ lors de la pèche miraculeuse "éloigne-toi de moi, je suis un homme pêcheur". Voir Dieu signifie que nous voyons l'infini de l'amour, ce qui nous réjouit certainement, mais nous montre aussi (et là est la douleur) que nous en sommes loin ! Dès lors, il y a tout un travail de purification, qui se fait en présence de Dieu, et donc dans une joie incroyable, mais qui nous coûte, car c'est un travail de désappropriations en chaîne. Faire le deuil de tout un tas d'images que nous nous étions forgées de nous-même, de tout un tas de barrières que nous nous étions fabriquées pour nous protéger de l'absdolu de l'amour qui nous faisait si peur, parfois, parce que c'est extrèmement exigeant. Mais surtout, il n'y a rien de triste là dedans: le purgatoire n'est pas un "sas" d'entrée, où l'on entendrait la fête sans y participer, mais ce sentiment de participer à la fête alors que nous ne nous en sentons pas dignes. La première désapropriation de nous-même est peut-être d'accepter de recevoir l'Amour de Dieu malgré ce que nous sommes en comparaison de Lui, alors que l'amour suppose, et exige même une relation de plain pied; c'est la désapropriation de tous nos réflexes comparatifs pour accéder à l'acceptation de Dieu et de nous mêmes tels que cela est. "Et Dieu vit que cela était très bon".Quand je dis que c'est une chance, c'est que c'est super joyeux. Mais on peut être super joyeux et avoir mal, sachant que cette souffrance est liée à notre maladie, mais qu'elle est en train de se guérir: "voir ce que l'on espère, ce n'est plus espérer", dit St Paul aux Romains.
Rédigé par : Denis | 07 novembre 2008 à 23:35