Dimanche 1er Février 2009 Marc 1.21-28
Jésus, accompagné de ses disciples, arrive à Capharnaüm. Aussitôt, le jour du sabbat, il se rendit à la synagogue, et là, il enseignait. On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes. Or, il y avait là dans leur synagogue un homme, tourmenté par un esprit mauvais, qui se mit à crier : « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais fort bien qui tu es : le Saint, le Saint de Dieu ! » Jésus l’interpella vivement : « Silence ! sors de cet homme. » L’esprit mauvais le secoua avec violence et sortit de lui en poussant un grand cri. Saisis de frayeur, tous s’interrogeaient : « qu’est-ce que cela veut dire ? Voilà un enseignement nouveau, proclamé avec autorité ! Il commande même aux esprits mauvais, et ils lui obéissent. » Dès lors, sa renommée se répandit dans toute la région de la Galilée.
Cet homme tourmenté par un esprit mauvais, cet homme qui a mauvais esprit, pourrait-on presque dire, nous le côtoyons, et nous le sommes parfois. Nous le voyons apparaître face à nous à chaque fois que la discussion s’engage sur cette église tellement rétrograde qu’elle lutte contre l’avortement (qui est tout de même un « droit acquis », que diable! Quasi aussi intouchable que les conquêtes syndicales !), lorsque la justice nous fait nous élever pour défendre le faible du pillage des forts, lorsque les quolibets fusent sur telle personne ou tel groupe, voire tel pays que les médias on mis en accusation, et qui dès lors se retrouve lynché « sans autre forme de procès » par l’opinion publique [1]: malheur à nous si nous le défendons, si nous tentons un autre regard : nous serons condamnés avec lui comme « collaborateur » .Traduisons : « Es-tu venu pour nous perdre ? Laisse-nous à nos profits, à nos guerres et nos effets de muscles, à nos jeux érotiques , et va jouer aux billes, espèce d’empêcheur de tourner en rond !» Et nous aurons beaucoup de mal à faire comprendre que justement, vivre, ce n’est pas tourner en rond sur des idées toutes faites ou autour d’une jouissance sexuelle sans but, d’une soif de profit débridée digne d’un trader fou, de désirs de guerre et de destruction, mais regarder avec liberté et bienveillance tout ce qui nous entoure, dans un projet qui ne vient pas de nous.
Et si nous réussissons à changer ce regard, alors retentit, parfois dans le silence médusé, ce grand cri, qui ressemble bien à celui du nouveau-né, lorsque la personne comprend enfin qu’elle a bénéficié du même regard favorable que celui que vous tentez d’avoir sur son accusé. Une naissance nouvelle à l’Evangile, puisqu’elle comprend tout à coup que cette miséricorde lui était acquise avant qu’elle l’implore… Et elle qui accusait son frère ! Elle qui jouait le jeu de l’accusateur de l’Apocalypse (Ap12.10) ! Elle qui se préparait à avorter, alors que ses parents l’avaient laissée vivre… Nous sommes précédés par la Miséricorde, nous vivons grâce à elle, et nous refusons de vivre pour Elle ?
Et, changeant de sens, changeant de ronde, elle peut, comme cri primal, lancer ce « qu’est-ce que cela veut dire ? » certainement dans un premier temps déstabilisée, jetée à terre comme Paul, elle aura ce cri du peuple hébreux découvrant son salut dans la manne : « man hou ? » : qu’est-ce que cela, « qui donc est Dieu, pour nous aimer ainsi ? »
[1] Les accusations de collusion avec les négationnistes ont fusé de toute part vers Benoît XVI, autour de la réintégration des évêques Lefebvristes , et ne sont pas venues que du monde profane !
Commentaires