En octobre 2007, Alain Richard, un franciscain de Toulouse, choqué par le traitement indigne infligé aux sans-papiers enfermés dans le Centre de Rétention Administrative (CRA) de la région, prend l’initiative d’un rassemblement non-violent silencieux sur la place du Capitole. Les Cercles de Silence viennent de naître. En 2011, il y en a environ 200 qui se réunissent chaque mois en France pendant une heure, regroupant des citoyens de tous horizons qui, devant l’enfermement systématique des sans papiers, s’élèvent contre les atteintes à leur humanité.
Les CRA ne sont pas des prisons, mais des personnes seules comme des familles entières en situation irrégulière s’y trouvent néanmoins privées de liberté, dans la crainte de l’expulsion après des années de présence au milieu de nous et dans l’angoisse de l’avenir qui les attend. Ces conditions psychologiques et sociales sont difficilement acceptables pour qui écoute sa conscience.
Ces actions, qui sont menées « en notre nom » par la République, violent certains droits fondamentaux des personnes, selon plusieurs articles de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.
Le choix du silence, digne et non méprisant, est une attitude qui permet à chacun d’écouter sa conscience et de faire appel à la conscience de l’autre en évitant les paroles faciles. « C’est un moyen d’action à la portée de tous, une interpellation adressée aux pouvoirs publics comme à nous-mêmes, un temps d’intériorité pour une prise de conscience, il invite à déboucher sur d’autres actions en faveur des personnes sans papiers. »
Pour autant, les Cercles de Silence ne prétendent pas connaître ni dicter la bonne réponse aux responsables politiques qui ont pour charge de régler les questions extrêmement complexes relatives aux migrants. Les Cercles de Silence se proposent simplement de les alerter et de les interpeler sur le fait que toute personne doive être traitée avec dignité, serait-elle dans une situation répréhensible. « Ces problèmes sont mondiaux et complexes (…). Nous ne prétendons pas avoir la solution. Mais nous pensons que nous pouvons aller plus loin ensemble. C’est notre espérance. Elle passe par une réflexion collective qui nous concerne tous.»
Ainsi sommes-nous invités à reconnaître une part de responsabilité dans ce qui nous choque car cela atteint non seulement l’humanité des victimes mais également celle de ceux qui collaborent à cette violation du droit des autres en exécutant des ordres incompatibles avec leur propre dignité. La non-violence nécessite la constance dans l’action et des acteurs déterminés et patients, forts et persévérants, soucieux de maitriser leurs anxiétés, spécialement celle de ne pas avoir un résultat immédiat.
La parole des chrétiens est facilement critiquée par les incroyants ou les membres d’autres religions. Cependant, notre compréhension de la foi chrétienne et notre désir de suivre l’Evangile suppose d’écouter notre conscience, une conscience que nous partageons avec tous les membres de l’espèce humaine et qui nous lie à eux, au-delà de toutes frontières nationales, linguistiques, culturelles ou religieuses. La Déclaration des Droits de l’Homme propose des balises valables pour tous, de sorte que tous puissent lutter de façon continue pour que ces droits ne se dégradent pas et qu’ils soient respectés.
A Toulouse, à Paris, à Strasbourg ou ailleurs, des dominicains s’associent à cette démarche.
d’après des propos d’Alain Richard.
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