Par Patrick Vincienne, laïc op
Tout a commencé par le geste symbolique de Yeb Sano, le chef de la délégation des Philippines lors de la conférence de l’Onu sur le climat de novembre 2013 à Varsovie. Le typhon Haiyan venant de frapper durement son pays, causant la mort de 7.000 personnes et de millions de sans-abri, il a refusé de s’alimenter et son geste a fait sensation.
Catholique pratiquant, il a ensuite lancé « Fast for the Climate » (« Jeûne pour le climat »), un mouvement mondial œcuménique, dans la perspective de la convention internationale sur le climat prévue à Paris en décembre 2015, avec pour but de parvenir à un engagement ferme de la part de la communauté internationale de réduire les émissions de gaz à effet de serre. « L’avenir de la planète va se jouer à cette occasion », a-t-il assuré.
Il était à Paris le 4 juin pour la mise en place du « Jeûne pour le climat », la déclinaison française de ce mouvement. Toutes les grandes religions y étaient représentées, ainsi que des ONG et des personnalités comme Mgr Marc Stenger, président de Pax Christi, le pasteur François Clavairoly, président de la Fédération Protestante de France, Tareq Oubrou, recteur de la grande mosquée de Bordeaux, ou Nicolas Hulot, ambassadeur pour la protection de la planète.
Ces personnalités ont apporté leur soutien à l’appel au jeûne relayé par une trentaine d’organisations non gouvernementales à travers le monde. « Chacun est invité à jeûner chaque 1er jour du mois jusqu’au 1er décembre 2015, début de la grande conférence sur le climat à Paris »
L’objectif de cette démarche symbolique ? « Exprimer sa solidarité avec les personnes pauvres et vulnérables qui souffrent et souffriront du changement climatique et pousser à l’adoption d’un accord global, contraignant et juste lors de la conférence de 2015 »
Ainsi, des groupes de personnes se réunissent-elles le 1er jour de chaque mois dans plusieurs villes de France pour jeûner le temps d’un repas, pour partager des expériences, échanger des réflexions et méditer. « Le jeûne c’est un acte de résistance pour s’arracher à l’addiction de la société de consommation. »
L’Eglise Catholique s'associe à ce projet et exprime publiquement des valeurs spirituelles et éthiques communes à d'autres religions, susceptibles de transformer nos sociétés. Elle appelle l'Etat et les collectivités locales à assumer leur responsabilité, malgré la crise économique, à prendre des mesures décisives face au changement climatique et à s'affranchir de la dépendance des combustibles fossiles. Elle appelle à intensifier les efforts pour anticiper les effets de ce changement, en particulier dans les pays les plus vulnérables. C'est aussi l'occasion d'inviter les chrétiens à modifier leurs modes de vie dans cette perspective.
« Léguer une terre saine aux générations futures est un devoir de justice pour les chrétiens »a assuré Marc Stenger. De son côté, Tareq Oubrou a souligné que « Le jeûne, c’est la liberté de dire non, non à cet instinct de consommation qui nous pousse à détruire la nature. Or détruire la nature, c’est nous détruire nous-mêmes. »