D'après l'homélie du frère David Kammler
o.p.,Promoteur général des laïcs dominicains
le 1er juin 2008 à l’Assemblée
européenne des laïcs dominicains en Slovaquie.
« Je ne sais
pas si vous avez déjà pris le métro à Londres. Quand les trains entrent et
quittent les gares, une voix d'automate demande régulièrement votre attention
en disant : "Attention à la marche", pour faire référence à l'espace
entre le train et le quai.
La voix de Jésus
dans l'évangile nous demande aussi notre attention "Attention à la marche
!" La distance en question est l'écart entre ce que nous confessons dans
les prières qui expriment notre foi et nos actions. Le langage de la partie
hébraïque de la Bible appelle cette distance "mensonge".
Fondée sur la
conviction et soutenue par l'action, notre mission dominicaine devient crédible
et persévérante malgré les "ouragans" et les tremblements de
terre" de notre société moderne. Prêcher dans les orages de notre monde
séculier pourrait être "faire la vérité", tendre vers l'unité entre
nos paroles et nos actions. En Jésus Christ, nous voyons que la parole
prononcée et l'action accomplie sont identiques. Le suivre comme ses disciples
aujourd'hui ne veut signifie pas que nous allons réaliser cette perfection,
mais cela implique que nous minimisions l'écart, autant que possible, entre nos
bonnes intentions et notre comportement.
Sauvegarde de la vie et création,
ces mots sont présents dans nos messages écrits ou priés. Comment peut-on les
prêcher par notre "agir" ? Dans nos rencontres régulières, ce devrait
être un défi : prier ensemble et nous encourager à faire ce que nous prions,
tel un obstétricien devant une vie affaiblie et en danger, ou un avocat dans
des situations d'injustice ou de conflit. Nous sommes aveugles à ceux qui sont
dans notre propre environnement et parfois aux liens économiques et politiques
qui les relient.
Rédemption,
salut et réconciliation, nous employons souvent ces mots dans nos
textes liturgiques. Même s'ils sont imprimés en or pur, ils doivent devenir de
chair, ils doivent être incarnés dans notre expérience de vie. Vivons-nous une
vie en communauté d'une façon telle qu'elle devienne prédication ? Quelle
atmosphère ont nos réunions ? Y a-t-il un climat d'ouverture, afin que les gens
puissent respirer "l'oxygène" qui les libère des obligations qui
alourdissent si souvent notre vie civile ?
Nous nous appelons frères, soeurs ou famille, nous
sommes fiers des structures démocratiques de nos constitutions. Mais
entre les différentes branches de notre Ordre, les soeurs et les laïcs ne sont
pas toujours considérés comme des compagnons de poids égaux dans la mission de
la prédication; les femmes ne participent pas activement aux équipes de
prédication locales. Même les apôtres avaient de la peine à accepter les femmes
comme témoins et prêcheurs de la résurrection de Notre Seigneur. Egalité ne
veut pas dire imitation exacte. Il y a des charismes différents mais un seul
Esprit. Il doit aussi y avoir une conversion du coeur et de l'âme. Afin de se
respecter mutuellement comme des frères et des soeurs dans la prédication d'une
mission commune.
Quand maintenant
nous professons notre foi :
- Prions que l'espace entre nos paroles et nos actes soit aussi étroit que possible.
- Espérons que la
main tendue de la miséricorde de notre Seigneur nous permette d'oser faire le
pas en permanence du "quai de nos convictions" vers le "train en
marche" des actions convaincantes, même si les commencements sont très
lents.
- Confirmons
mutuellement que notre "maison de foi" instable est cependant
construite sur la base de l'amour de Dieu qui nous soutient, offert à
nous par notre frère Jésus-Christ. De ce rocher, comme soeurs et frères
dominicains, sautons ensemble, main dans la main, dans le train qui va dans la
direction d'une mission en commun plus efficace.
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