Port-au-Prince, le 13 janvier
Bonjour
L’hôpital général au centre ville de Port-au-Prince est comble. Les malades sont dans la rue. Il est difficile de trouver une morgue pour enterrer les morts qui sentent depuis hier soir.
Mgr. Miot, archevêque de Port-au-Prince, est mort.
Des Facultés, des écoles, des églises se sont effondrées. Il ya des morts et des personnes sous les décombres mais il n’y a pas le matériel nécessaire pour enlever le béton et les toitures.
Tout à l’heure j’ai pu circuler en ville pour déposer le cadavre d’une élève morte hier soir. Il faut porter les cadavres à pied car certaines rues sont bloquées.
Les frères vont bien et ils s’occupent de leurs familles.
Notre logement chez les sœurs est resté intact alors que le noviciat des sœurs de Cluny s’est effondré en partie.
Nous avons passé la nuit dehors à prier. Heureusement le peuple haïtien a la foi. Les gens se sont rassemblés pour prier et chanter au milieu de cris et des gémissements.
Merci pour vos gestes d‘amitié et pour votre prière.
Nous allons bien grâce à Dieu.
Fr. Manuel
(reçu par e-mail)
Cette photographie est datée du 19 janvier. Ce jour-là, et pour quelques heures encore, les sauveteurs cherchent des survivants. Des ruines de cet immeuble, ils sauveront une jeune femme de 26 ans.
Port-au-Prince, le 18 janvier
« L’Eglise souffre dans ses personnes et dans ses bâtiments »
, Certains me demandent : “Que font les prêtres et les religieuses en ce moment ?” L’Église souffre dans ses personnes et dans ses bâtiments. Dimanche, peu de chrétiens ont pu célébrer la messe à Port-au-Prince. Ici, à Sainte-Rose de-Lima, où chaque dimanche on se réunit pour louer le Christ ressuscité, la chapelle s’est effondrée. Nous avons célébré la messe avec les religieuses et quelques laïcs dans la cour de l’école. L’église du Sacré-Cœur, importante paroisse qui rassemble des milliers de personnes, est en ruine. La cathédrale est inutilisable. La paroisse Saint-Louis-roi-de-France n’est plus en mesure d’accueillir des fidèles. Le P. Jean-Baptiste, montfortain, maître des novices, y est décédé mardi dernier.
Quant aux écoles, l’école Sainte-Rose-de Lima a été très endommagée. Le noviciat des Sœurs de Cluny ne peut plus être habité. La toiture s’est effondrée sans faire grâce à Dieu des victimes. D’autres écoles sont complètement détruites ou inutilisables. Beaucoup de religieux et de religieuses sont morts. Tous ceux qui ont survécu prennent soin des blessés de la congrégation et des laïcs proches. Le collège Saint-Louis-Gonzague, prestigieux établissement catholique à Port-au-Prince, s’est aussi effondré. Un frère de la congrégation (Frères de l’instruction chrétienne) est mort et un autre se trouve sous les décombres. L’école Rosalie-Javouhey – j’en suis aussi l’aumônier – proche du bidonville de Saint-Antoine est fissurée. (…) Plusieurs enfants avec qui je parlais encore la semaine dernière sont morts et enterrés.
« Dans chaque établissement catholique se vit le partage de nourriture. »
Beaucoup de personnes sont accueillies dans les écoles et les paroisses catholiques, surtout pour la nuit car nous continuons de dormir à la belle étoile. (…) Dans chaque établissement catholique se vit le partage de nourriture et dans la mesure du possible ceux qui ont des blessures sans gravité sont soignés par les sœurs ou par les médecins amis. (…) Il faudra tout reconstruire. Il y a les besoins immédiats de nourriture et d’eau. Il y a le défi de la reconstruction du pays et concrètement des églises, des écoles et de centres de formation théologique. »
Fr. Manuel Rivero o.p.
(Propos rapporté par « la Croix » du 19 janvier 2010)
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