Voici 500 ans que les frères prêcheurs, ou encore frères dominicains, sont présents sur l’île d’Hispaniola comme l’appela Christophe Colomb, une île aujourd’hui partagée en deux : Haïti, un pays pauvre parmi les pauvres, et la République dominicaine, un pays florissant dédié au tourisme.
C'est à Saint-Domingue que le frère Antonion de Montesinos a défendu les Indiens Taïnos dans sa prédication du quatrième dimanche de l’Avent 1511. La communauté des frères prêcheurs sous la responsabilité du vicaire Pedro de Cordoba avait mené toute une réflexion sur les mauvais traitements imposés aux Indiens en flagrante contradiction avec l’Évangile. Touché au cœur, Bartolomé de las Casas rentrera dans l’ordre de Saint-Dominique en ardent avocat des droits des Indiens.
Face à la mer, la statue de 15 m du frère Antonio de Montesinos rappelle cet événement.
Plus tard, aux XVIIe et XVIIIe siècles, les frères prêcheurs des provinces françaises de Toulouse et de Paris arriveront en Haïti pour évangéliser notamment la partie sud de l’île en administrant une quinzaine de paroisses.
Fin 2008, une communauté de 4 frères a été accueillie par les sœurs de Saint-Joseph-de-Cluny à Sainte-Rose-de-Lima, dans le centre de Port-au-Prince. Elle devait s’installer en janvier 2010 dans une maison du quartier de Pacot. Les frères se consacrent à l’aumônerie des écoles et à la pastorale universitaire de Port-au-Prince, en assurant des cours de catéchèse, de théologie et de langues bibliques. Ils lancent les Équipes du Rosaire en Haïti et sont actifs à la fondation Montesinos dont l’objectif est de contribuer au reboisement d’Haïti avec des enfants démunis vivant dans les rues. Les sœurs dominicaines exercent leur apostolat dans la capitale et au Cap.
Comme aimait à le rappeler Mgr Pierre Claverie, dominicain, évêque d’Oran, assassiné sur sa terre d’Algérie, les frères prêcheurs sont appelés à vivre la mission en dialogue, bien au-delà de la simple tolérance envers ceux qui leur sont différents. C’est aux frontières de notre société et sur ses lignes de fracture que peut s’opérer la réconciliation entre riches et pauvres, protestants et catholiques, Haïtiens et Dominicains de la République dominicaine …
Sur son lit de mort, saint Dominique a rassuré ses frères éplorés en leur promettant qu’il leur serait plus utile au Ciel que sur la terre. Aussi nous nous confions à sa prière.
Fr. Manuel Rivero o.p., Vicaire provincial
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