Mercredi 29 octobre 2008 Lc 13.22-30
Dans sa marche vers Jérusalem, Jésus passait par les villes et les villages en enseignant. Quelqu’un lui demanda : « Seigneur, n’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? » Jésus leur dit : efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car, je vous le déclare, beaucoup chercheront à entrer et ne le pourront pas. Quand le maître de la maison se sera levé et aura fermé la porte, si vous, du dehors, vous vous mettez à frapper à la porte en disant « Seigneur, ouvre-nous », il vous répondra : « Je ne sais pas d’où vous êtes. » Alors, vous vous mettrez à dire : « Nous avons mangé et bu en ta présence, et tu as enseigné sur nos places ». Il vous répondra : « Je ne sais pas d’où vous êtes, éloignez-vous de moi, vous tous qui faites le mal. » Il y aura des pleurs et des grincements de dents quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob et tous les prophètes dans le Royaume de Dieu, et que vous serez jetés dehors. Alors on viendra de l’Orient et de l’Occident, du Nord et du Midi, prendre place au festin dans le Royaume de Dieu. Oui, il y aura des derniers qui seront premiers, et des premiers qui seront derniers. »
S’appartenir, ou appartenir au Christ ?
L’instant de la confrontation. Avec Dieu, mais surtout avec nous-mêmes, car nous nous verrons comme en miroir en étant face à l’Amour infini. N’allons pas croire que la question qui nous sera posée soit seulement « qu’as-tu réalisé ? », as tu servi les pauvres, as-tu bien fait le caté, as-tu été bien gentil, as-tu dit bonjour à la dame… Le « lieu » où nous sommes, s’il est le monde dans lequel nous sommes plongés, est avant tout la manière dont nous l’habitons, à l’image de la maison que nous nous construisons pour y vivre.
Cette « maison » intérieure peut être bâtie d’indifférences et d’orgueil, si nous nous mettons au service des autres dans le seul but de nous faire une belle image de nous-mêmes : première idole placée entre Dieu et nous, fût-elle une cathédrale. Or nous avons tous soif de reconnaissance, d’être aimés plus que d’aimer, d’être compris plus que de comprendre, à l’inverse de St François. Une telle maison n’appartient pas à Celui qui est tout Amour et Humilité, et Lui comme nous, au moment de la confrontation, ne saurons pas « d’où elle est » : elle est étrangère à la logique de l’Eternité.
Si elle est notre appartenance au Christ, si c’est une exigence intérieure, où nous aurions autant le sentiment de Le trahir que de nous trahir en agissant autrement, si c’est ce sentiment de n’avoir rien fait, si c’est un oubli de soi pour Lui et pour ceux qui nous entourent, si nous oublions qui nous sommes tant nous désirons Lui appartenir, jusqu’à dire malgré nous et avec étonnement « ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ en moi » (Ga 2.20)… nous découvrons une nouvelle boussole pour nous repérer. Peut-être, aux yeux du monde, ne savons-nous plus où nous habitons (grain de folie ?), mais Lui sait d’ « où nous sommes ». Et la confrontation sera un mariage.
Evidemment, ce n’est pas si simple. Entre les deux, toute la panoplie de nos tentatives ratées, espoirs et désirs avortés par peurs ou manque de persévérance à la première difficulté. Mais nous Lui appartenons si c’est Lui que nous faisons passer devant, et non nous-mêmes, si nous acceptons de nous laisser toujours relever, Si nous savons dire à chaque instant, en écho à la philocalie orthodoxe « Seigneur, prends pitié de moi pécheur », ou, en d’autres termes « Seigneur, je ne suis pas digne de Te porter, mais dis seulement une parole, et je serai guéri ».