Vers Lourdes
En 1933, le Pèlerinage du Rosaire à Lourdes a 25 ans. Bien qu'il réunisse des pèlerins de la France entière depuis 1923, ce n'est qu'à partir de 1933 qu'il est proposé aux Provinces de France et de Lyon de s'associer à la Province de Toulouse pour l'organisation des pèlerinages à partir de leur territoire.
À Paris, c'est le père de Selancy, directeur et promoteur du Rosaire, qui reçoit cette mission. Il s'adjoint alors un jeune dominicain de 30 ans, le père Gérard Sébastien Deryckère pour organiser le premier train. Celui-ci restera responsable du pèlerinage, comme directeur du Rosaire, jusqu'au 31 janvier 1972, soit pendant 38 ans. Né à Tourcoing en 1903, il avait été ordonné prêtre le 29 juillet 1931, juste deux ans avant de consacrer sa vie au Rosaire, car il s'éteindra le 2 mai 1972, quatre mois seulement après avoir abandonné sa charge de directeur du Rosaire. Son souvenir demeure dans le cœur de ceux qui l'ont connu et l'on entend encore dire "du temps du père Deryckère..." Après le père Deryckère, les directeurs du pèlerinage furent le frère Jean-Claude Laurenceau (1972 à 1982), puis le frère François Leblanc (1982 à 1991), le frère Claude Bonaïti (1991 à 1994) et, depuis, le frère François Diot.
Pour organiser son premier train en 1933, le père Deryckère fit appel aux membres de la Confrérie du Rosaire ainsi qu'à la bonne volonté des brancardiers et infirmières de l'Hospitalité de l'Ile-de-France (ABIIF) dont certains eurent à coeur de se joindre au mouvement nouveau. Le premier pèlerinage partit sans encombre le 5 octobre 1933 avec 87 malades et 400 pèlerins. Dès 1934, il y avait 166 malades et en 1935, 203 malades.
Le pèlerinage a ainsi continué jusqu'à maintenant, soit pendant 65 ans, malgré quelques années difficiles :
- En 1938, grosses difficultés d'organisation à cause de la crise et des menaces de guerre.
- Pas de pèlerinage en 1940 (le père Deryckère était d'ailleurs mobilisé) ni en 1941, 1942 (pour la zone occupée).
- Petit pèlerinage en 1943 après suppression de la ligne de démarcation.
- Pas de pèlerinage en 1944.
- En 1945, priorité est donnée aux malades des familles de sinistrés, victimes de la guerre, déportés et anciens prisonniers et il est recommandé aux pèlerins d'emmener avec eux le maximum de vivres !
- Même recommandation en 1946 avec un pèlerinage écourté pour cause de référendum
- En 1948, grosses difficultés dues aux grèves. Mais en 1958, année du Centenaire des Apparitions, le Rosaire de Paris organisa trois pèlerinages en mars, avril et octobre.
Le nombre de trains partant de Paris pour Lourdes a varié dans le temps, reflétant probablement une certaine évolution dans le nombre de pèlerins empruntant les trains de pèlerinage. Après la guerre, il y eut 3 trains, puis 4 (de 1960 à 1979), à nouveau 3 puis 2 trains et des places en avion de 1988 à 1997, un des trains étant un TGV depuis 1996. En 1998, l'avion n'est plus proposé. Le nombre des pèlerins malades et handicapés emmenés est d'environ 130 ces dernières années qui rejoignent le train soit à Paris, soit aux Aubrais (Orléans). En 1978, à la demande du père Laurenceau, Charles Celier et sa femme Béatrix créèrent pour Paris le Service Hospitalier en Hôtel (S.H.H).
... et d'autres Sanctuaires
La Section du Rosaire de Paris a souvent profité des trains de pèlerinage à destination de Lourdes pour emmener les pèlerins en d'autres lieux où sont vénérées Bernadette ou la Vierge Marie. Le retour du train de malades par Nevers fut à une époque de rigueur pour faire mieux connaître aux pèlerins la vie de Bernadette à Saint Gildard et pour leur permettre de vénérer sa châsse. En variante, en 1982, le train de malades s'est arrêté au retour à Paray-Le-Monial pour une grande célébration.
Dans les débuts du Pèlerinage, à une époque où les personnes se déplaçaient moins que maintenant, il est arrivé pendant 5 ans qu'un train de pèlerins valides quitte Paris quelques jours avant les autres trains pour s'arrêter en quelques lieux de pèlerinage : en 1934 et 1935 pour le VIIème centenaire de la canonisation de saint Dominique, ce fut à Prouille, Sorèze et Fanjeaux puis, de 1936 à 1939, dans des lieux comme Ars, La Salette, Saint Maximin, Rocamadour.
En complément aux pèlerinages à Lourdes, la Section du Rosaire de Paris a toujours proposé d'autres pèlerinages aux hospitaliers et aux pèlerins valides : Jérusalem, Sur les pas de Saint Paul, Fatima, Saint Jacques de Compostelle, Czestochowa, Rome. En France, notre Section a proposé un pèlerinage à Notre Dame de La Salette. Il y eut aussi des sorties ou voyages en France associant hospitaliers et malades, en particulier une grande sortie de toute la section de l'Hospitalité (hospitaliers et malades) à l'abbaye du Bec-Hellouin chez les Bénédictins (en 1984) ainsi qu'à Lisieux. Enfin, 80 jeunes appartenant à Generosis ("les jeunes d'Ile de France au Rosaire") participent depuis 1996 au pèlerinage des étudiants à Chartres ; ils sont valides ou handicapés et soutenus (logistiquement parlant) par les hospitaliers du Rosaire.
La vie de la Section
Elle est également marquée par les réunions d'hospitaliers et de malades qui ont lieu dans l'année. Jusqu'aux années 1970-1975, beaucoup de manifestations étaient organisées avec les autres Hospitalités de la région parisienne, Monfortain, Notre-Dame du Salut et en particulier avec l'interdiocésain, car notre Section avait des liens particuliers avec l'ABIIF. Par la suite les manifestations sont devenues propres à l'Hospitalité du Rosaire ou communes avec les autres composantes du Rosaire (commissaires, hôtesses, Generosis...)
Dans la première période, il y avait une grande cérémonie d'action de grâce au retour vers fin octobre à La Madeleine en 1935 et 1936, puis à Notre Dame de Paris en 1938-39 et de 1953 à 1973, cérémonie en général présidée par l'Archevêque de Paris lui-même et consistant en un Rosaire solennel (et une messe solennelle à partir de 1967). Il y avait aussi, pour les malades, une retraite "fermée" dite "Noël des malades" chez les sœurs franciscaines et, parallèlement pour les hospitaliers, une retraite "fermée" de deux jours près de Dijon. Il y eut (au moins dans les années 1960 et 1970) des journées interdiocésaines des malades et des fêtes interhospitalités. Par la suite, les récollections devinrent propres au Rosaire.
Entre les années 1974 et 1981, trois récollections par an étaient proposées aux Rosaristes de Paris. Actuellement, le calendrier de l'hospitalier comporte, outre la récollection, une messe mensuelle (instituée en 1976), une journée d'amitié (avec les pèlerins malades) en hiver et une autre en été, une journée de formation des responsables. Au début des années 1980, des jeunes entreprenaient de divertir les malades le dimanche en leur proposant un vaste programme de sorties annoncées à l'avance : théâtre, cinéma, musée du Louvre, déjeuner de fête, concert, etc. Pour conclure avec les manifestations du Rosaire, il convient de signaler que l'Association du Rosaire a créé, au début de 1996, une exposition intitulée "Le Rosaire : une prière, un mouvement, un pèlerinage" qui circule en Île-de-France. Les membres du Pèlerinage et des Équipes qui l'accueillent se font ainsi connaître localement ; ils proposent à cette occasion des temps de prière et de rencontre.
Pour soutenir les multiples activités de la Section régionale, une association fut érigée. Alors qu'il était Maître des Requêtes au Conseil d'État, Charles Celier mena à bien les statuts de l'Association du Rosaire (déclarée le 1er mars 1978).
L'Association est, depuis 1997, membre de la "Fédération Pèlerinage du Rosaire". Elle possède désormais son Conseil pastoral, qui envisage tous les aspects de l'apostolat du Rosaire en Île-de-France (pèlerinages, rencontres, publications, exposition), en lien avec les Équipes du Rosaire.